La défection du général et ses scrupules tardifs ne suffiront pas à laver ses compromissions avec le régime de Bachar.
Mais où est donc passé le général Manaf Tlass ? La semaine dernière, les chancelleries occidentales se sont réjouies de la défection de ce général de la garde républicaine, ami intime de Bachar et en affaires avec Maher, le frère cadet du président, y voyant le signe de dissensions au sein du premier cercle du pouvoir syrien. Le début de la fin.
Laurent Fabius annonçait son arrivée en France où il aurait rejoint son père Mustafa, ministre de la Défense syrien de 1972 à 2004 et sa soeur, la « socialite » Najeh, veuve du milliardaire et marchand d’armes saoudien Akram Ojjeh, ex-compagne de l’ex-ministre Roland Dumas et du journaliste Franz 0livier Gisbert, qui recevait dans son hôtel particulier le tout Paris. Mais personne n’a vu le général de 50 ans, ni les Turcs, ni les Français, même si Laurent Fabius assurait jeudi qu’il avait pris des contacts avec l’opposition syrienne en exil.
Doit-on vraiment attacher une importance autre que symbolique à cette défection ? Pourra-t-il renseigner l’opposition sur les maillons faibles politiques et militaires du régime ? Pas si sûr. Manaf était déjà tombé en disgrâce, depuis qu’il avait pris ses distances avec la répression qui s’est abattue sur son village natal d’Al-Rastan situé entre Homs et Hama. Il part seul sans ses troupes : sunnite, il n’avait pas de rôle effectif au sein d’une armée au sein de laquelle les centres névralgiques du pouvoir sont aux mains des alaouites.
Son affairisme, sa proximité avec le président, le rendent suspect et peu fréquentable aux yeux de l’opposition syrienne qui semble se réjouir de son départ plus par calcul que par enthousiasme. Burhan Ghalioun a ainsi espéré mais du bout des lèvres, que cette défection inspire d’autres généraux. Comme celle d’Abdel Halim Khaddam, l’ancien vice-président de la Syrie, qui n’a pas trouvé sa place dans l’opposition en exil, la défection du général et ses scrupules tardifs ne suffiront pas à laver ses compromissions avec le régime de Bachar.
Sources :
Lignes de front
Le Blog de Sara Daniel