Après un attentat qui a coûté la vie à plusieurs responsables syriens de premier plan, dont le ministre de la Défense et le beau-frère du président Bachar al-Assad, l’armée riposte avec violence.
Bachar al-Assad « perd le contrôle » selon les États-Unis. Washington menace et affûte ses sanctions en disant toujours espérer une « transition politique ». Alors que mercredi, le beau-frère de Bachar al-Assad ainsi que le ministre de la Défense ont été tué dans un attentat suicide, la réplique du pouvoir ne s’est pas faite attendre: l’armée syrienne pilonne. Dans la nuit de mercredi à jeudi, plusieurs quartiers sunnites de la capitale Damas ont été bombardés.
Devant la gravité de la situation, et pour éviter un nouveau veto russe, l’Onu a décidé de reporter mercredi de 24h son Conseil de sécurité. C’est donc ce soir que ce Conseil de sécurité doit se prononcer sur une nouvelle résolution. Un document qui prévoit des sanctions renforcées contre Damas. L’Onu espère désormais arriver à un compromis avec la Russie. La Russie était encore hostile à toute sanction en début de semaine.
« Il y aura d’autres frappes similaires »
Randa Kassis opposante syrienne, réfugiée en France, membre du Conseil national syrien (principale organisation de l’opposition) estime que l’attentat de mercredi est un tournant décisif dans le conflit « parce que plusieurs personnalités ont été tuées. Si cette frappe a bien visé ces personnalités-là, il y aura d’autres frappes similaires qui pourraient toucher Assad lui-même. Je crois que c’est la communauté internationale qui pourra faire pression sur la Russie pour qu’elle lâche Assad. Il aura alors deux choix. Soit se replier dans son fief et là, la bataille n’est pas finie. Ou bien trouver une sortie avec l’accord de la Russie et les autres ».
« Le désordre politique profite à des délinquants »
Jean Pierre Duthion est l’un des derniers Français qui vit encore à Damas. Propriétaire d’un bar lounge dans le quartier des ambassades, épargné par les conflits, depuis 3 jours, pour lui, plus question de sortir après 18h. Et, même s’il ne compte pas plier bagage, il s’inquiète « d’une éventuelle défaillance d’État et que l’anarchie s’installe. Cette situation de désordre politique a donné l’opportunité à des délinquants qui ne sont pas politisés du tout et qui profitent de la situation pour faire du business. Si demain, soudain un vide s’installait, on imagine très vite ce qu’il se pourrait se passer ».
« Un attentat avec le soutien de services étrangers »
Fabrice Balanche, chercheur spécialiste de la Syrie, pense que l’opposition syrienne a forcément été soutenue par des services étrangers : « Il faut quand même pénétrer au cœur du système politique syrien. Là, on était dans le deuxième endroit le plus protégé de Syrie après le palais présidentiel. L’attentat aurait été perpétré par un ancien garde du corps d’al-Assad. Il semble que cette personne ait été retournée et fortement payée avec évidemment le soutien de services étrangers : la CIA, le Mossad pourquoi pas, ou les services saoudiens ».
Source : RMC.fr