Les députés et les sénateurs somaliens votent le 8 février pour élire le président de la république. Un scrutin initialement prévu pour le 30 octobre 2016 et que la violence avait empêché. Mais que pourra faire le nouvel élu ?
C’est au suffrage indirect, c’est-à-dire au moyen des votes de l’Assemblée nationale et du Sénat, que le nouveau président de la république de Somalie sera élu. Le processus électoral est complexe mais, guerre civile oblige, c’est la seule façon de garantir la présence d’un homme à la tête de la Somalie. Début octobre, 14 000 délégués des différents clans somaliens ont élu 275 d’entre eux pour siéger à l’Assemblée nationale. A noter : 30 % de ces députés sont des femmes. Avec les 54 sénateurs, ils composent le corps électoral qui va désigner le futur président.
Ce sera très probablement le sortant, Hassan Cheikh Mohamoud, un universitaire élu pour un premier mandat en 2012. Il était alors largement inconnu sur la scène internationale, et considéré comme un novice en politique mais il était très apprécié par la société civile somalienne, notamment pour ses engagements en faveur de l’éducation. Cinq ans plus tard, après avoir échappé de peu à plusieurs tentatives d’assassinat, Hassan Cheikh Mohamoud souhaite continuer son travail à la tête d’un Etat qui n’est presque plus un Etat, plutôt un assemblage hétéroclite de clans, qui règnent plus ou moins sur des entités géographiques agissant indépendamment les unes des autres, à savoir Mogadiscio, les régions autour de la ville, la république du Somaliland et celle du Puntland.
Que pourra-t-il faire qu’il n’a pas déjà fait ? Simplement continuer à avancer à petits pas, sans se décourager ni avoir peur outre mesure. La tâche est toujours aussi immense : renforcer l’Etat et oeuvrer à la réconciliation des Somaliens. Contre lui : les milices se revendiquant l’Al-Qaeda et celles appartenant à l’Etat islamique, les Shababs et les groupes dissidents issus des Shababs. Tous pratiquent la violence extrême : attentats, attentats-suicides, attaques à l’arme lourde etc. leurs objectifs sont pour l’essentiels situés à Mogadiscio, mais ils n’hésitent pas à s’en prendre aux pays voisins, comme le Kenya où l’attaque du campus de Garissa avait fait 148 tués en avril 2015.
En sa faveur, le président dispose des 22 000 soldats de l’Amisom, la Force multinationale mobilisée depuis 2007 par l’Union africaine. Au vu de ses résultats, l’Amisom a bénéficié en 2016 d’un financement supplémentaire de l’Union européenne de l’ordre de 178 millions d’euros. Elle est chargée de la réunification du pays, un travail de titan car la structure sociale très particulière de la Somalie, qui est divisée en clans et non en communautés culturelles, complexifie beaucoup les choses.
Il n’en reste pas moins que le pays est considéré par la communauté internationale en large partie comme une zone de non-droit, où fleurissent les terrains d’entraînement pour djihadistes et autres extrémistes.