« Centres de rétention pour populations subsahariennes : L’Algérie ne cède pas aux pressions ». C’est le titre de l’excellente enquête menée par notre confère Mounir Abi du quotidien algérien Le Temps d’Algérie*. Dans ce cadre de cette enquête, il a interviewé Mme Saida Benhabylès, Président du Croissant Rouge Algérie très impliqué dans la gestion de cette tragédie provoquée par l’agression menée en 2011 par l’Otan contre un pays souverain, la Libye, aujourd’hui en lambeaux.
L’Algérie fait l’objet d’une pression de la part de pays occidentaux, pour l’acceptation de l’instauration de centres de rétention, pour populations subsahariennes fuyant leurs pays, en guerre ou écrasés par la sécheresse. Le pays est accusé par des organisations non gouvernementales, de ne pas prendre en charge ces populations.
L’intervention militaire lancée par l’OTAN, en Libye, a profité au terrorisme et déstabilisé nombre de pays d’Afrique. Les guerres ont éclaté. Les populations subsahariennes n’ont pas eu d’autre choix que de fuir. Ces populations atterrissent dans nombre de pays, dont l’Algérie.
L’OTAN, qui a mené l’intervention militaire en Libye, ne propose pas d’alternative aux exodes. Il est accusé de ne pas assumer ses responsabilités. Des pays comme l’Algérie, sont interpellés pour l’instauration de centres de rétention, pour les populations subsahariennes, fuyant les guerres menées par des pays occidentaux. L’ancien président français, Sarkozy, et Bernard Henri Levy, ont de grandes responsabilités dans les tragédies dont sont victimes les populations subsahariennes. Les centres de rétention sont des prisons qui ne disent pas leur nom. Une initiative ne respectant pas la dignité humaine. C’est la raison pour laquelle l’Algérie refuse l’instauration de centres de rétention dans le pays. L’enfermement est décidé par l’administration et non les juges. L’Algerie est accusée par des organisations non-gouvernementales de ne pas prendre en charge les populations subsahariennes. Le but, politique, est de contraindre l’Algérie à dire oui aux occidentaux, comme l’a fait, pour des considérations financières, le président turc Erdogan. Pour l’Algérie, les pays occidentaux, qui ont mené la guerre en Libye, sont ceux qui ont obligé les populations subsahariennes à fuir. L’ingérence militaire en Libye a bénéficié aux terroristes de Daech, rallié par des milliers de djihadistes de la région, et d’autres pays. L’ingérence militaire lancée par l’OTAN, a été une aubaine pour ces terroristes. L’ancien président américain, Obama, a dénoncé nombre de responsables occidentaux, dont l’ancien président français, Sarkozy, de démantèlement de l’Etat libyen. C’est alors que des guerres ont éclaté, les populations subsahariennes fuirent et Daech instauré. Le président turc, Erdogan, a été interpellé par les occidentaux pour l’instauration de centres de rétention pour ces populations, en contrepartie de l’adhésion de la Turquie à l’Europe. Les négociations ont échoué et l’instauration de centres de rétention de Malte et d’Istanbul n’a pas été concrétisée. Les occidentaux responsables de ces exodes, tentent d’instaurer ces centres en Algérie, mais le pays refuse. C’est alors que des attaques sont lancées contre l’Algérie par des organisations non-gouvernementales. Le même procédé que celui qui a eu lieu dans les années 1990, lorsque des ONG accusaient l’armée de crimes commis par les terroristes. Les victimes de l’ingérence militaire en Libye sont les populations subsahariennes, qui n’ont pas eu d’autre choix que de fuir, et les pays de la région, dont l’Algérie, sont confrontés aux terroristes de Daech, qui ont profité de l’ingérence militaire de l’OTAN en Libye pour la perpétration de crimes dans la région, dont l’attaque de Tiguentourine.
Mounir Abi
Entretien avec la Président du Croissant Rouge Algérien, Mme Saida Benhabylès
Nombre d’organisations non gouvernementales accusent l’Algérie de maltraiter les migrants subsahariens. Des pays tentent de contraindre l’Algérie à accepter l’installation de camps d’accueil sur son sol. Dans cet entretien, la présidente du Croissant Rouge Algérien, madame Saida Benhabyles, apporte des précisions, et dit pourquoi l’Algérie refuse l’instauration de ces camps.
Propos recueillis par Mounir Abi
Le Temps d’Algérie : L’Algérie est une destination pour de nombreux subsahariens fuyant les tragédies dans leurs pays.
Saida Benhabyles : Il y a un flux migratoire important. L’Algérie a toujours reçu ces populations. Les exodes ont eu lieu, surtout en 1984, lorsque les populations subsahariennes ont fui la sécheresse et la famine. Le flux connaît une ampleur, avec l’intervention militaire de l’OTAN en Libye. Il ne faut pas hésiter à le dire. L’Algérie s’est opposée à l’intervention militaire lancée par l’ancien président français, Sarkozy, et Bernard Henri Levy. Il y a aujourd’hui des tragédies humanitaires.
Des ressortissants nigériens ont été rapatriés
Le CRA est le bras humanitaire de l’Algérie, qui fait tout pour alléger les souffrances des victimes de la politique erronée, menée par des pays occidentaux dans la région. Nous avons rapatrié des ressortissants nigériens à la demande de leur pays. Je vous rappelle le communiqué du gouvernement du Niger de 2014 à ce propos, expliquant les raisons de ce rapatriement. Le gouvernement du Niger nous a demandé le rapatriement de ses ressortissants parce qu’ils sont exploités par des réseaux, dont ceux de la mendicité. Nous avons sauvé 6.000 mineurs nigériens, non accompagnés, de ces réseaux de mendicité. Les raisons de sa démarche envers le gouvernement algérien ont été expliquées. Le Niger dit que ses ressortissants ont été exploités par des réseaux de mendicité algériens et nigériens, et a demandé leur rapatriement, et c’est dans des conditions dignes que ces ressortissants ont été rapatriés, à bord de bus confortables, climatisés et dans des conditions respectant la personne humaine. Depuis 2014, l’Algérie a dépensé 19 millions d’euros dans le rapatriement. Il ne s’agit pas là de parler d’argent, mais de dire ce que l’Algérie fait pour les subsahariens, et elle le fait pour des considérations humanitaires et de solidarité envers ces populations, qui n’ont pas eu d’autre choix que de fuir leurs régions, à cause de la politique erronée de pays occidentaux. Nous sommes tous africains, et l’Algérie a toujours soutenu les causes des peuples africains, dont celle de l’Afrique du Sud. L’Algérie a soutenu Nelson Mandela luttant contre le racisme. L’Algérie a toujours soutenu les causes justes.
Il y a des ONG qui accusent l’Algérie
Les organisations non-gouvernementales qui accusaient à tort l’armée algérienne de perpétration de crimes, dans les années 1990, sont les mêmes qui accusent aujourd’hui l’Algérie, de maltraiter les populations subsahariennes. Nous défions toutes ces ONG qui nous critiquent, de nous citer un autre pays qui traite les migrants mieux comme le nôtre, dit la présidente du CRA. Il faut dire que l’Algérie est l’un des pays qui dépense de son argent, pour la prise en charge des populations subsahariennes fuyant la sécheresse et la guerre.
D’autres pays bénéficient de soutien en argent de la part d’institutions internationales. Les ONG qui initiaient le «qui tue qui ?» au profit des terroristes pendant les années 1990, sont celles qui accusent aujourd’hui l’Algérie de ne pas prendre en charge les populations subsahariennes. Ça ne m’étonne pas, puisque ces ONG, qui n’ont pas de crédibilité, sont instrumentalisées par certaines puissances. L’Algérie, et contrairement à ce que disent ces ONG, a toujours soutenu l’Afrique, et la preuve en est l’effacement des dettes de nombre de pays. L’Algérie n’a pas d’agenda politique. Elle mène sa politique sur la base de ses principes de soutien aux peuples opprimés. L’exemple est de l’émir Abdelkader, en exil à Damas, en 1961 et 1962, et qui a répondu à l’appel d’une minorité chrétienne et leur a sauvé la vie.
Le rôle de l’ONU dans tout ça ?
Nous déplorons que les décideurs de l’ONU ne réfléchissent pas aux conséquences dramatiques de la politique de pays occidentaux, et nous appelons les organisations internationales, et tous ceux épris de paix, de mettre la pression sur les décideurs, pour qu’ils abandonnent leur politique d’intervention militaire dans d’autres pays.
Des pays occidentaux appellent à l’instauration de camps de rétention en Algérie
Nous refusons l’installation de camps de rétention en Algérie pour les populations subsahariennes, parce que c’est une humiliation pour ces populations. On n’enferme pas à clé les êtres humains. C’est une fuite de responsabilités de la part de pays occidentaux, qui ont initié les exodes avec les guerres menées dans la région, et qui tentent d’instaurer des camps de rétention en Algérie. Nous refusons l’initiative, parce que ne respectant pas la dignité humaine. Les pays occidentaux doivent assumer leurs responsabilités, en optant pour le déploiement d’efforts pour le développement des pays d’origine, lancer des projets. Ce n’est pas à l’Algérie d’assumer les erreurs de la stratégie destructrice de pays occidentaux. Nous sommes contre les centres de rétention, que les pays occidentaux souhaitent en Algérie, parce que ne respectant pas la dignité humaine.
Mounir Abi
Le Temps d’Algérie
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