Quelles que soient les actions entreprises : dénonciations par les ONG ou mise en place de certifications obligatoires, rien n’empêche l’exploitation illégale des gisements de minerais, dont les produits se vendent très bien sur les marchés internationaux.
En République démocratique du Congo, les communautés de mineurs dépendent essentiellement de la vente de ce qu’ils extraient, quelle que soit la ressource. Ce n’est donc pas l’offre qui détermine le prix de vente, mais bien plutôt la demande.
À Goma, l’once de minerai « illégal » coûte moitié moins cher que l’once dite « certifiée ». Dès lors, on comprend que le pays soit considéré comme un eldorado pour toute entreprise d’export, celles qui ne sont pas regardantes sur la provenance des minéraux ou des gemmes, comme celles qui sont plus vigilantes, mais néanmoins intéressées par les bonnes affaires.
La RDC détient le plus vaste choix de minerais, en quantité comme en qualité, encore inexploités. Dès lors, on comprend que l’exploitation de ces ressources soit la principale raison pour laquelle les conflits internes perdurent, notamment dans la partie est du pays. L’absence de contrôle de l’État sur le secteur minier a provoqué la prolifération d’exploitants clandestins, qui vont du groupe armé aux mineurs illégaux et aux trafiquants. Sur les 1 313 compagnies répertoriées par les ONG, seules 301 assurent – et prouvent – que leurs produits sont « conflict-free », c’est-à-dire qu’ils ne sont pas issus clandestinement des zones de guerre.
Comment un tel commerce peut-il être aussi florissant ? Il existe pourtant des lois internationales auxquelles toute firme acheteuse doit se conformer, d’où qu’elle vienne. La loi Dodd-Frank, notamment, qui oblige à déclarer toute acquisition de tantale, de tungstène, d’étain ou d’or en provenance de République démocratique du Congo ou de ses voisins proches ou éloignés (Angola, Burundi, Centrafrique, Congo, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie, Ouganda et Zambie). Elle a pour objectif final d’assécher le flot d’argent qui part en direction des groupes armés, y compris vers l’armée congolaise régulière, qui n’est pas la moins compromise dans le trafic et les exactions commises sur le terrain. Mais rien n’y fait, et les lenteurs administratives liées au processus de certification n’y sont certainement pas pour rien : les entreprises sont commerciales avant tout, et leurs bénéfices passent au-dessus de tous les règlements.