C’est officiel : le général saoudien à la retraite Anwar Eshki, à la tête d’une délégation d’universitaires et d’hommes d’affaires saoudiens, a effectué en juillet dernier une visite de travail en Israël. Il y a rencontré le directeur général du ministère des Affaires étrangères Dore Gold, le coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires occupés, le général-major Yoav Mordechai, ainsi qu’un groupe de membres de la Knesset pour encourager le dialogue en Israël sur l’initiative arabe de paix. Celle-ci a été lancée en 2002 par le feu roi Abdallah et a été acceptée par tous les pays arabes, mais rejetée par Israël.
La visite d’Eshki n’aurait pas pu se produire sans le feu vert du roi Salmane et de son fils. Elle intervient après la rétrocession par l’Égypte de deux de ses îles, Tiran et Sanafir, à l’Arabie saoudite. Ce qui transforme de facto l’Arabie saoudite en partie prenante des accords de Camp David, donc suppose implicitement une reconnaissance de facto de l’État d’Israël.
En conflit ouvert avec l’Iran, l’Arabie saoudite se sent lâchée par le protecteur américain et croit trouver en Israël un nouvel allié. La dernière décision américaine de retirer la plus grande partie de ses conseillers militaires de la cellule de commandement de la guerre contre le Yémen accentue ce sentiment de lâchage. D’autant plus qu’Obama a signifié aux dirigeants saoudiens que les États-Unis restaient un allié sûr de Riyad, sans nécessairement cautionner les aventures de la famille royale jugée irréfléchies et contre-productives. Mais en se tournant vers Israël, qui participe déjà à la guerre clandestine saoudienne contre les houthis, la dynastie wahhabite se livre à une fuite en avant aux conséquences lourdes pour sa stabilité, voire sa survie.