Rompant avec une longue tradition de soutien américain à l’État d’Israël, les États-Unis se sont abstenus lors du vote de la résolution 2334, vendredi 23 décembre, par le Conseil de sécurité. La dernière révérence tirée par Barack Obama à l’ONU n’a pas été appréciée par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu qui semble perdre ses nerfs.
La « 2334 » demande à Israël, non seulement de cesser toute construction dans les zones occupées depuis 1967, mais reconnaît, également, la Cisjordanie et Jérusalem Est comme « territoire palestinien occupé ». La résolution, était présentée par la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, le Venezuela et le Sénégal, l’Égypte s’étant retirée sous la pression d’Israël et de Donald Trump. C’est la première fois, depuis 1979, que les États-Unis n’ont pas opposé leur veto à une résolution du Conseil de sécurité sur la colonisation israélienne.
L’abstention américaine survient dans un contexte de tension grandissante entre Obama et Netanyahu tandis que ce dernier cherche à réchauffer ses relations avec le nouveau président, Donald Trump, favorable aux colonies israéliennes en territoire palestinien. « La grosse défaite, hier, d’Israël aux Nations unies rendra plus difficiles les négociations de paix » écrivait ce dernier sur son compte Twitter le lendemain du vote, passant outre les règles élémentaires du protocole présidentiel. Il ajoutait, « Dommage, mais nous y arriverons quand même », assurant que « pour ce qui est du vote à l’ONU, aussi, les choses seront différentes après le 20 janvier », date à laquelle il prendra officiellement ses fonctions présidentielles.
Dès son arrivée à la présidence, Barack Obama avait critiqué l’installation de colonies israéliennes en Cisjordanie et exigé l’arrêt des constructions comme préalable aux négociations de paix avec les Palestiniens. En janvier 2009, à l’occasion de son investiture, il avait promis d’œuvrer « activement et avec pugnacité » à une « paix durable entre Israël et les Palestiniens ». Il n’en a rien été, et, sans sanctions internationales, Israël a impunément poursuivi sa colonisation des territoires palestiniens occupés en 1967. Les deux dirigeants s’étaient, également, opposés, en 2015, sur la question de l’accord avec l’Iran sur le nucléaire. Netanyahou allant jusqu’à prononcer un discours agressif contre la politique iranienne de Barack Obama devant le Congrès américain sans en avoir informé, au préalable, la Maison Blanche.
« Nous ferons tout notre possible pour garantir qu’Israël ne souffrira pas de cette résolution honteuse » (Sic !), déclarait le Premier ministre israélien au conseil des ministres tenu au lendemain du vote, qualifiant le texte de « déséquilibré et extrêmement hostile à l’État d’Israël ». Il a, immédiatement, convoqué les ambassadeurs de 10 des 14 pays membres du Conseil de sécurité ayant voté le texte et reçu l’ambassadeur américain à Washington, Daniel Shapiro, pour lui faire part de sa colère envers Barack Obama qui a « trahi l’amitié israélienne ». Le Premier ministre a, également, rappelé un certain nombre d’ambassadeurs israéliens et annulé des visites de chefs de gouvernements étrangers. À l’occasion de la fête de la Hanoukka (Fête des Lumières) et de sa traditionnelle venue au Mur des Lamentations, il a harangué la foule en déclarant : « Si l’on en croit l’ONU, le principal lieu saint du peuple juif et le quartier qui le jouxte également, sont des territoires occupés. Que les membres du Conseil de sécurité pensent ce qu’ils veulent, mais ce n’est pas le cas et ce ne le sera jamais ! ».
De son côté, Samantha Power, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, a justifié l’abstention des États-Unis en expliquant qu’il n’était pas possible de soutenir, à la fois, le processus d’extension des colonies et la solution de deux États indépendants.
Barack Obama a jusqu’au 20 janvier pour aller encore plus loin, s’il le veut. Plusieurs réunions préparatoires se sont déjà tenues dans le cadre du projet français d’organisation d’une conférence internationale sur la paix, à Paris. Vingt-huit ministres des Affaires étrangères, dont l’Américain John Kerry, y ont participé. Des décisions « anti-israéliennes » pourraient y être prises avec l’aval de Barack Obama, craignent Netanyahou et son gouvernement.
Du côté palestinien, on considère que la résolution 2334 « représente un gros camouflet à la politique israélienne, une condamnation des colonie, un consensus de la communauté internationale et un soutien à la solution de deux États », selon les termes d’un communiqué publié par l’Autorité palestinienne. Mais la question reste de savoir quelle suite sera donnée à la résolution à laquelle, il ne fait aucun doute qu’Israël ne se soumettra pas. Par ailleurs, assurance lui a été donnée par l’administration Obama que l’aide annuelle militaire de $3 millions et plus n’est pas remise en question.
Mots clés : Christine Abdelkrim-Delanne, territoires palestiniens occupés, colonisation, Obama, ONU, résolution 2334