Andrés Manuel Lopez Obrador, surnommé « Amlo » a largement emporté l’élection présidentielle avec 53% des voix, le 1er juillet. Un échec total pour le parti au pouvoir, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) de droite qui est arrivé en 3ème position avec 15,1%. « Je suis très content de ma responsabilité historique (…) Je veux rester dans l’Histoire comme un bon président », a-t-il déclaré devant plusieurs milliers de sympathisants réunis sur la place du Zocalo, à Mexico, après l’annonce des résultats.
Le parti d’ « Amlo », le Mouvement de régénération nationale (Morena), a, également, emporté six postes de gouverneurs sur les neuf en jeu. Ancien maire de Mexico, Lopez Obrador laisse la place à Claudia Sheinbaum. C’est la première fois dans l’histoire du Mexique, qu’une femme dirigera la capitale Mexico.
Pour « rester dans l’Histoire comme un bon président », la tâche du nouveau président ne sera pas facile. Dans ce pays pourri par la corruption, « éradiquer la corruption et l’impunité sera la mission principale de notre gouvernement », a-t-il déclaré. Il a, également, appelé les Mexicains à se rassembler autour du « nouveau projet de la nation qui vise à établir une démocratie authentique ». Mettre fin à la violence dans le pays est une priorité pour la nouvelle équipe au pouvoir. Outre la violence générée par la guerre contre le narcotrafic qui a fait plus de 200 000 morts depuis 2006, 145 hommes politiques dont 48 candidats ou pré-candidats ont été tués pendant la campagne électorale.
Les relations avec les États-Unis seront, également, sensibles. Notamment la question de l’émigration et la politique « zéro tolérance » de Donald Trump avec la construction du mur dont le président américain exigeait que le Mexique participe au financement, mais aussi celle des relations économiques. L’Accord de libre-échange avec le Mexique (Alena ou Nafta) menacé par Donald Trump, permet, actuellement au Mexique d’exporter 80% de ses exportations vers les États-Unis. Donald Trump suggère des accords séparés et une refonte des « règles d’origine ». L’Alena signé par le Canada, les États-Unis et le Mexique était entré en vigueur le 1er janvier 1994. À l’annonce de la victoire d’Obrador, Justin Trudeau, le Premier ministre canadien a aussitôt réagi en appelant à une relance rapide de l’accord.
Pour la gauche latino-américaine particulièrement attaquée par la Maison-Blanche depuis l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis, la victoire du Morena est une bonne nouvelle. Le Venezuela de Maduro, la Bolivie d’Evo Morales, l’Équateur de Lenin Moreno – et Rafael Correa ancien président de ce pays – ont immédiatement félicité le nouveau président dont l’arrivée à la tête de l’État mexicain mettra un terme à l’hostilité mexicaine. Après l’arrivée de la droite au pouvoir en Argentine en 2015 et le coup d’État politique au Brésil perpétré par Michel Temer en 2016, la victoire de la gauche mexicaine changera le rapport des forces. « Les peuples dignes s’efforcent toujours d’avoir en État souverain. Nous voulons une Amérique latine indépendante. Le triomphe du frère Lopez Obrador garantit la libération de nos peuples pour construire des ponts d’intégration au lieu de murs de discrimination », a déclaré le Bolivien Evo Morales.