Rompant le silence, l’ancien maitre du Yémen explique dans une interview exclusive à la chaîne panarabe Al-Mayadeen la collusion entre le wahhabisme les Frères musulmans et toute la nébuleuse intégriste.
Comme en Syrie, où le président syrien avait révélé il y a un an que la Turquie et le Qatar lui avaient proposé d’arrêter leur soutien multiforme à la rébellion syrienne en contrepartie de l’entrée des Frères musulmans dans le gouvernement, c’est maintenant au tour de l’ancien président yéménite de révéler que la même « offre » lui avait été présentée par l’Arabie saoudite. Le royaume wahhabite l’avait sommé de partager le pouvoir avec l’aile yéménite des Frères musulmans (le parti al-Islah dominé par un clan tribal pro-wahhabite) et de combattre les Houthis en contrepartie, entre autres, de millions de dollars à titre personnel. Une « offre » qu’il avait rejetée.
Pour l’ancien président, le wahhabisme est « la matrice de tous les intégrismes et mouvements extrémistes dans le monde arabe. Les « Frères musulmans sont sortis du manteau (abaya) des wahhabites ». Ils considèrent que les régimes nationalistes arabes sont une menace contre eux, comme en Libye, en Irak, en Syrie et au Yémen.
Dans cet entretien fleuve, l’ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh a accusé le royaume saoudien de semer la « sédition » dans son pays mais a également ouvert la porte au dialogue: « Tôt ou tard, nous aurons des discussions avec l’Arabie saoudite ».
M. Saleh a assuré lors de cet entretien à la chaîne de télévision panarabe Al-Mayadeen qu’il ne voulait pas reprendre le pouvoir ni à y porter son fils Ahmed, qui dirigeait l’influente Garde républicaine lorsqu’il était à la tête du pays.
« Je le dis et je le répète, je ne retournerai pas au pouvoir et je ne l’accepterai pas ni pour moi ni pour mon fils… », a indiqué M. Saleh. « J’ai quitté (le pouvoir) et c’est fini ».
« Dans leur (les Saoudiens) imagination je demeure un obstacle » à un règlement de la crise, a-t-il ajouté.
Ils (les Saoudiens) nous ont dit: « Nous vous paierons des millions de dollars si vous devenez nos alliés contre les Houthis », a indiqué M. Saleh.
« Nous ne lâcherons pas les Houthis », a-t-il ajouté, précisant avoir rejeté cette offre formulée par un ancien ambassadeur saoudien au Yémen. Les différends qui l’opposaient auparavant avec les Houthis étaient d’ordres administratifs, avait-il souligné.
Ce sont les Houthis qui contrôlent le pays aujourd’hui et les Saoudiens doivent négocier avec eux en premier.
Selon M. Saleh, les Etats-Unis, alliés de Ryad, et l’Iran discuteraient à Oman de la mise en place d’une médiation entre Téhéran et Ryad.
Ryad dirige depuis fin mars une coalition menant des frappes aériennes au Yémen contre Yémen, faisant des milliers de morts et de blessés, dont des centaines de femmes et d’enfants.
Saleh est actuellement accusé par la coalition saoudo-américaine, qui a lancé son agression contre le Yémen depuis le 26 mars, de soutenir l’armée et les forces populaires d’Ansarullah (Houthis) dans leur lutte contre les takfiristes d’AlQaida et les miliciens du président démissionnaire et déserteur Abed Rabbo Mansour Hadi.
Ce dernier est actuellement réfugié en Arabie saoudite.
Source : AlManar + AlMayadeen
Pour visionner l’interview dans sa totalité en arabe :
YEMEN interview Ali Abdallah Saleh Al-Mayadeen 29 mai 2015
Première partie
https://www.youtube.com/watch?v=Bqjz_d6x6o4
Deuxième partie
https://www.youtube.com/watch?v=HBG1mhs6kCk
Troisième partie