L’ancien responsable des forces spéciales de la police tadjike, disparu mystérieusement du Tadjikistan en avril, a annoncé avoir rejoint les rangs du groupe takfiriste Daesh (EI) en Syrie.
Un homme ressemblant à l’ex-commandant des forces spéciales de la police du Tadjikistan, le colonel Goulmourod Khalimov, 40 ans, dont la disparition surprise a provoqué la panique dans ce pays pauvre d’Asie centrale, explique dans une vidéo diffusée mercredi 27 mai avoir pris cette décision en raison de la politique anti-takfiriste des autorités tadjikes.
« Nous viendrons vous chercher, Inch Allah », dit cet homme, vêtu de noir et tenant un fusil de précision dans la main, s’adressant au gouvernement de l’ex-république soviétique.
Dans cette vidéo d’environ 10 minutes, celui qui se présente comme M. Khalimov qualifie de « chiens » le président et le ministre de l’Intérieur tadjiks.
Il appelle également plus d’un million de Tadjiks qui travaillent en Russie à cesser d’être des « esclaves » et à rejoindre Daesh.
Le ministère de l’Intérieur tadjik s’est refusé à tout commentaire sur cette vidéo largement diffusée via des réseaux sociaux.
Selon des médias tadjiks qui citent des sources au sein des services de sécurité, le colonel, qui a suivi une formation militaire en Russie et aux États-Unis, serait parti à Moscou le 1er mai avec une « dizaine » de personnes.
Le président tadjik Emomali Rakhmon, qui a fait une priorité de la lutte contre les takfiristes, a affirmé que l’« enfer » attendait ceux qui tuent des fidèles en Irak et en Syrie.
Les forces de sécurité du Tadjikistan estiment à plus de 300 le nombre de Tadjiks partis combattre en Syrie et à 50 le nombre de ceux qui y sont morts.
Le parquet de cette ex-république soviétique très pauvre d’Asie centrale avait déjà en 2014, annoncé l’arrestation d’une cinquantaine de jeunes islamistes recrutés pour la guerre en Syrie ont été arrêtés au Tadjikistan,
Les islamistes présumés, âgés de 20 à 30 ans et dont la plupart sont des Ouzbeks ethniques originaires du nord du pays, font partie du Jamaat Ansarullah, branche du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) au Tadjikistan, et de l’organisation islamiste Mouvement islamique du Turkestan oriental, selon la même source.
Ils ont été inculpés pour « avoir organisé un groupe criminel afin de participer à des conflits armés sur le territoire des autres États », a précisé le parquet dans un communiqué.
À la mi-novembre 2014, le ministère de l’Intérieur tadjik avait déjà annoncé l’arrestation de 12 membres du groupe Jamaat Ansarullah, interdit au Tadjikistan depuis 2012, qui recrutaient des candidats à la guerre en Syrie.
Plus de 300 Tadjiks, pour la plupart des jeunes radicaux sans emploi, combattent actuellement en Syrie, et 50 y ont déjà péri dans les combats, selon le ministère de l’Intérieur.
Le Tadjikistan, pays laïque en majorité musulman dirigé depuis 1992 par Emomali Rakhmon, a connu après la chute de l’URSS et jusqu’en 1997 une sanglante guerre civile entre le pouvoir et des combattants islamistes.
Les autorités tadjikes ont, par ailleurs, ordonné le rasage des barbes et introduit des restrictions pour le pèlerinage à La Mecque pour contrer l’influence grandissante des extrémistes religieux appelant à combattre au Moyen-Orient.