Le 4 mai, Breaking the Silence (Briser le silence) publiait une longue liste de témoignages sur les exactions commises par Tsahal, l’armée israélienne, dans la Bande de Gaza, lors de l’opération « Bordure protectrice », entre le 8 juillet et le 26 août 2014. Ces témoignages émanent de soldats présents et actifs sur le terrain. Breaking The Silence est une organisation non gouvernementale israélienne basée à Jérusalem ouest qui regroupe des soldats et des vétérans de l’armée israélienne revenus à la vie civile et qui ont « découvert le fossé entre la réalité qui les entourait dans les territoires occupés et le silence qu’ils rencontrent en rentrant ».
Depuis 2004, l’organisation a récolté des témoignages dans le cadre du projet « Des soldats s’expriment ». Plusieurs centaines de témoignages de « ceux qui, pendant leur service dans les forces armées, la garde frontalière et les forces de sécurités, ont joué un rôle dans les Territoires occupés ». L’objectif de Breaking the Silence est de « pousser la société israélienne à s’interroger sur la réalité » et affronter la vérité sur « les abus à l’encontre des Palestiniens, les pillages, les destructions de propriété » qui sont familiers aux soldats. Les témoignages récemment rendus publics viennent s’ajouter à ceux publiés en 2009 (Témoignages sur l’opération Cast Lead), les témoignages de femmes soldats, et ceux sur l’occupation des Territoires (2000-2010). Nous en publions ci-dessous des extraits.
Source : https://www.breakingthesilence.org.il/testimonies/
Témoignage, infanterie, sud de la Bande de Gaza, 2014
Une unité avait identifié deux silhouettes dans un verger, à environ 800 ou 900 mètres du périmètre de la zone sécurisée. Il y avait deux jeunes filles dans le verger. Le commandant a demandé confirmation, « Qu’est-ce que vous voyez ? » et il a demandé si elles étaient suspectes. C’était vers onze heures ou midi. Les guetteurs ne pouvaient pas bien voir, alors le commandant a envoyé un drone pour avoir une vue d’en haut, et le drone les a mises en cause. Il les a vues avec des téléphones, elles parlaient en marchant. Ils ont fait feu sur ces filles, et ils les ont tuées. J’ai eu un sentiment de merde. Les guetteurs ont dit que les filles pouvaient à coup sûr voir les tanks et la fumée sortir des moteurs. Le commandant a donné l’ordre de vérifier l’endroit et trois tanks sont partis voir les corps. Ils ont examiné les corps et c’était deux femmes, d’environ 30 ans. Les corps de deux femmes, et elles n’étaient pas armées. Ils sont revenus et nous sommes partis. Elles ont été enregistrées comme terroristes. On leur avait tiré dessus, elles devaient donc être des terroristes…
Témoignage nord de la bande de Gaza
Avant le premier cessez-le-feu, ils nous ont dit que nous allions entrer dans Gaza pour détruire une maison. Nous sommes rapidement descendus pour prendre le matériel dont nous avions besoin puis nous avons demandé : « Quelle maison ? ». Et ils ont dit, « Nous voulons frapper un grand coup avant le cessez-le-feu ». Comme ça, ce sont les mots de l’officier et ça nous a rendus tous fous. Je veux dire, la maison de qui ? Ils n’avaient pas choisi une maison particulière, juste « une » maison. C’est là qu’il y a eu malaise. À ce moment là, nous avons décidé pratiquement à l’unanimité d’aller parler au commandant d’unité pour lui dire que nous n’allions pas le faire, simplement, que nous ne voulions pas prendre de risque sans raison. Il a choisi les mots les plus inappropriés pour décrire ce qu’on nous demandait de faire. Je suppose que c’est comme ça qu’on lui avait transmis. « Nous ne voulons pas le faire », on lui a dit. Ce fut une conversation très difficile. Lui, en tant qu’officier, il dit : « D’abord, qu’il soit clair pour tous que nous allons le faire cette nuit, ensuite, je vais aller chercher plus de détails sur la mission pour vous ». Il revint quelques heures plus tard et dit « c’est une « maison active » (utilisée par les combattants à des fins militaires) et il faut que ce soit vous qui la détruisent et personne d’’autre parce qu’on ne peut le faire avec un avion, cela mettrait en danger d’autres maisons dans la zone et c’est pour ça qu’on a besoin de vous ». À la fin, la mission fut miraculeusement transférée à un bataillon avec lequel nous étions supposés aller. Nous étions tirés d’affaire. Après le cessez-le-feu, un bulldozer et des canons transportant des explosifs liquides ainsi qu’un foreur pour identifier les tunnels sont arrivés dans notre zone et ont commencé à s’occuper des tunnels. Cela a pris deux nuits. À ce moment-là, nous sommes revenus à peu près dans la même zone dans laquelle nous étions stationnés avant et nous n’avons pas reconnu le quartier. La moitié des maisons n’existait plus. Cela ressemblait à un film de science fiction, avec des vaches traînant dans les rues, apparemment, une étable avait été explosée, et il y avait d’impressionnants terrepleins de destructions partout, des terrepleins que nous n’avions pas vus avant au cours de l’opération « Cast Lead ». Plus une maison.
À Shuja’iyya aussi. Toutes les maisons encore debout, qui bien sûr ne ressemblaient en plus à des maisons car elles portaient toutes, au moins, un trou d’obus. Des impacts de balles, tout était marqué par les balles. Le minaret de la mosquée que nous avions utilisé pour nous couvrir était par terre. Tout était en ruine. Et des tirs non-stop, tout le temps. Je ne sais pas pourquoi ils tiraient non-stop, peut-être pour que la population ne revienne pas. Pendant toute la période, les tirs n’ont pas cessé. Des tirs d’armes légères à l’arrière, tout le temps. En plus des obus.
Témoignage, blindés, Deir al-Balah, 2014
Après trois semaines dans la bande de Gaza, on était dans un endroit d’où nous avions une vue d’un kilomètre et demi sur une route appelée « Tancher Route », en jargon militaire, qui est une route très, très centrale, avec deux voies vers le nord et deux voies vers le sud. Pendant toute la durée du combat, il y avait ordre de ne pas mettre le petit orteil sur cette route. Elle n’était pas liée à la zone de combat, pas de tir. Nous pensions que l’ordre venait du gouvernement, un ordre très important qui ne pouvait être transgressé. Après trois semaines dans le tank, nous sommes revenus au poste et avons vu la route. Une sorte de compétition a commencé. « Voyons si t’es un homme, voyons si t’es capable de tirer sur une voiture en mouvement ». J’ai ciblé la voiture, un taxi, et j’ai essayé de tirer un obus mais je n’ai pas réussi. Deux autres voitures sont passées et j’ai encore essayé, en vain. Le commandant a dit, « OK, ça suffit, tu gaspilles mes obus, stop ». Alors nous avons pris une mitrailleuse lourde. Nous n’avons pas réussi à toucher les voitures, non plus, et soudain, j’ai vu un cycliste. J’ai dit OK, ce type, je vais le descendre. J’ai réglé la distance et ne l’ai pas touché. Il a touché le sol juste un peu devant lui et il s’est mis à pédaler comme un fou, parce qu’on lui tirait dessus et tout le tank s’est mis à rigoler. « Hou, regardez comme il fonce ». Après ça, j’en ai parlé avec d’autres artilleurs et il est apparu qu’il y avait une sorte de compétition entre toutes sortes de type. « Voyons quel artilleur va toucher la voiture ». Personnellement, au fond de moi, j’étais gêné, mais après trois semaines à Gaza, pendant lesquelles vous tirez sur tout ce qui bouge, et aussi sur tout ce qui ne bouge pas, vous n’êtes pas vraiment…. Le bon et le mauvais sont mélangés et vos repères moraux sont un peu perdus, en quelque sorte, et cela devient un peu comme un jeu électronique, complètement froid et réel.
Témoignage, , blindés, 2014
Pendant toute l’opération, les conducteurs de tanks ont cette envie de rouler sur les voitures, car le chauffeur, il ne peut pas tirer. Il n’a pas d’arme, il ne peut expérimenter le fun dans sa totalité, il se contente de conduire en avant, en arrière, à droite, à gauche. Et ils ont cette sorte d’envie folle de rouler sur une voiture. Je veux dire, une voiture dans la rue, une voiture palestinienne, bien sûr. Et une fois, mon conducteur de tank, un gars un peu hyperactif, a réussi à convaincre l’officier de rouler sur une voiture. Et ce n’était pas si excitant, vous ne vous rendez même pas compte que vous roulez sur une voiture, vous ne sentez rien. Nous avons seulement dit au radio : « Nous avons roulé sur une voiture. » « Comment s’était ? » Et c’était cool mais nous n’avons rien senti. Puis notre conducteur est sorti. Il est revenu quelques minutes plus tard, il voulait voir ce qui était arrivé. En fait, il était passé seulement sur la moitié de la voiture, l’autre était intacte. Alors, il est rentré et alors que l’officier venait de sortir, il m’a soufflé à l’oreille qu’il avait pris des lunettes dans la voiture. Et après ça, il a fini par le dire à l’officier, cet idiot. « Quoi, comment as-tu pu faire ça ? Je vais te sanctionner ! ». Mais finalement, rien n’est arrivé, il a gardé les lunettes. Il ne s’est pas fait trop engueulé, tout était OK et, finalement, d’autres conducteurs de tank de la compagnie ont, eux aussi, roulé sur les voitures.
Témoignage, Deir al-Balah, 2014
(…) La première chose qu’on a fait, en entrant (dans la maison), on a tiré sur certaines cibles. Je tirais de derrière quelque chose vers les cibles dangereuses. Les toilettes, les lits qui peuvent cacher quelque chose dessous ou à l’intérieur, dans les matelas. On tirait sur tout, même les frigidaires. On n’a pas tiré pas sur les bouteilles de gaz, on les a prises et on les a vidées. En dehors de paquets de cigarettes, on n’a pas trouvé grand-chose. On peut dire que ces cigarettes ont en sauvé certains de la folie, car cela faisait un jour que nous courrions. Puis nous sommes restés dans la maison et nous sommes sécurisés. « Vous gardez les tanks », on nous a dit, mais en fait, on n’a pas gardé un seul tank. On a traîné dans Gaza, tranquilles. On observait. Ils nous ont donné un endroit à surveiller. On restait assis dans des maisons abandonnées. Il y avait les affaires des gens à l’intérieur, mais pas de matériel électrique. Ils avaient dû les prendre avec eux, ils s’étaient enfuis. Je n’ai pas vu de victimes qui n’étaient pas indubitablement des ennemis ici, car tout le monde avait fui vers le nord dès le début. Nous le savions. Ils avaient laissé leurs maisons fermées. Il était clair que les gens s’étaient préparés à notre entrée. En arrivant, nous avons mis les maisons sens dessus dessous car on n’avait pas le choix, il fallait le faire. Nous avons trouvé des armes. Le pire était de voir des animaux laissés derrière, leurs animaux domestiques, ils avaient fui sans eux. Les gens avaient laissé des chiens avec des colliers. Ce n’était pas des chiens de garde. On s’en est occupé comme on a pu, mais je suis sûr que les chiens sont morts. On a vu plein d’animaux ici, des animaux de ferme aussi. Des bandes de canards et de poulets. Les animaux ne savaient pas qu’une guerre approchait. Ce n’est pas un phénomène naturel, ils ne peuvent pas la sentir venir. On a vu des carcasses aussi, pour la plupart des carcasses de grands animaux comme des ânes.
Témoignage, infanterie mécanique Deir al-Balah area, 2014
Lorsque nous en sommes sortis, c’était comme un chateau de sable. Chaque maison que nous avons quittée et nous sommes passés par trois ou quatre, un D9 (bulldozer blindé) arrivait et l’écrasait. Dans un premier temps, c’est très impressionnant de voir cet engin écraser une grande maison de deux étages. Nous étions dans la zone d’une banlieue assez riche, des maisons très impressionnantes. Nous étions à un endroit où il y avait une maison avec une unité d’accueil d’enfants juste à côté, comme dans un riche Moshav (ville rurale) en Israël. Le D9 fonçait dedans, écrasait une partie du mur, puis continuait, écrasait un autre morceau et ne laissait intactes que les colonnes. À un certain moment, il rassemblait un tas de sable pour faire un monticule de gravats et écrasait le reste, jusqu’à ce qu’il ne reste presque plus rien, puis il est passé avec ses lames jusqu’à ce que tout s’écroule. Le D9 est puissant. Il a travaillé sans s’arrêter.
Témoignage, nord de la bande de Gaza, 2014
C’était pendant notre premier shabbat. Tôt ce jour-là, l’une des compagnies a été touchée par quelques missiles anti-tank. L’unité a lancé un raid dans la zone d’où ils avaient été visés et ceux qui étaient restés derrière se sont automatiquement moins préoccupés des civils. Je me souviens m’être dit qu’à ce moment-là, les habitants de Gaza, je n’en avais vraiment rien à foutre. Ils ne méritent rien et s’ils méritent quelque chose, c’est d’être gravement blessés ou tués. Voilà ce que j’ai pensé à ce moment-là. Un vieux Palestiniens s’est approché de la maison et on s’est tous rappelé avoir entendu qu’un vieil homme piégé (plus tôt dans son témoignage le témoin dit avoir été informé sur un vieux Palestinien armé de grenades qui essayait d’attaquer une autre unité). C’est arrivé vers midi, entre midi et 2h. Le type qui tenait le poste – je sais pas ce qui lui est passé par la tête – l’a vu et a tiré sur lui. L’homme était étendu là, se tortillant de douleur. L’infirmier n’a pas voulu s’en occuper. Il était clair pour tout le monde que deux choses pouvaient arriver : ou le laisser mourir lentement, ou mettre fin à ses souffrances. Un D9 (bulldozer blindé) est arrivé et l’a enseveli sous un tas de gravats. Pour ne pas à avoir à s’assurer qu’il était piégé ou non (….) L’enquête a montré que (….) un ami du soldat qui avait tiré est arrivé lorsque le vieillard était au sol et lui a tiré dessus deux balles de plus. Il y a eu une discussion avec le commandant et parce que c’était arrivé au milieu d’une offensive, cela n’a intéressé personne. « Nous avons des blessés au front, ne nous emmerdez pas, faites ce que vous avez à faire ».
Témoignage lieutenant, régiment de Gaza, 2014
La « frappe au toit », (une pratique qui consiste en un tir de petit missile sur le toit d’un bâtiment comme pour avertir qu’il sera détruit dans un court délai par une frappe aérienne) est rapidement comprise par le Hamas. Les forces du Hamas sont très mobiles et, contrairement à la population, et c’est une vraie tragédie, la « frappe au toit » leur donne suffisamment de temps pour descendre dans une cache ou pour courir entre les maisons et disparaître de la zone. Mais pour une famille avec une grand’ mère assise dans le salon, c’est plus difficile. Et ça, ça fait aussi partie du problème. La masse d’informations que l’on reçoit et que l’on envoie ainsi que le nombre de cibles bombardées chaque jour, font que vous recevez un tas d’informations de sources palestiniennes qui disent « tel nombre ou tel nombre de civils innocents ont été blessés » et vous ne savez pas qui sont ou ne sont pas ces civils.
Témoignage, infanterie, 2014
Le jour où un gars de notre compagnie a été tué, les commandants sont venus nous voir et nous ont dit ce qui était arrivé. Ils ont décidé de tirer un « tir d’honneur » et de tirer trois obus. Ils ont dit « C’est en mémoire de xxxx ». Pour moi, ça dépassait les bornes, c’était un vrai problème. Ils ont tiré comme on le fait lors de funérailles, mais avec des obus et sur des maisons. Pas en l’air. Ils ont juste choisi une maison, le commandant a dit, « prenez la plus éloignée, comme ça, ça fera plus de dégâts ». Une sorte de vengeance. Alors nous avons tiré sur une des maisons. En fait, vous ne voyez qu’un bloc de maisons devant vous, la distance n’a pas d’importance. Ils ont tiré trois obus. Je ne sais plus qu’elle heure il était, mais vers le coucher du soleil.
Témoignage, nord de la bande de Gaza, 2014
Nous avons identifié quelques silhouettes. Quelque chose de noir bougeait dans la maison. « Noir » veut dire « chaud ». Il a fallu un peu de temps pour installer un poste de tir qui pouvait être utilisé contre la maison. Un avion de combat a été dirigé vers elle, et plus tard nous avons vu des ambulances arriver dans la zone et un rassemblement. Le soldat et l’officier n’étaient pas certains de comprendre ce qui était arrivé là-bas. Ils n’étaient pas sûrs que ce n’était pas une famille. Et plus tard, aux informations, on a dit qu’il y avait eu cinq morts dans le quartier. On ne pouvait pas savoir, on ne sait jamais avec certitude, mais on n’avait aucun moyen de savoir s’ils étaient armés dans la maison ou s’ils représentaient une quelconque menace. C’était clair pour tous que nous n’en avions pas la possibilité, et qu’il s’agissait d’une zone floue où vous vous dites « ça pourrait bien être un innocent ». Si c’est un innocent, qu’est-ce qu’il fait là ? Il se peut qu’une seconde plus tard, il sorte quelque chose et mette en danger un soldat qui est quelque part à l’extérieur. C’était exactement cette situation. Le dilemme est toujours présent, tout le long de l’opération. Vous ne savez pas qui est innocent et qui ne l’est pas et il y a des situations où vous ne le saurez jamais.
Témoignage, unité de blindés, Deir al-Balah, 2014
Le commandant donne l’ordre. « Tout ce que vous voyez dans la zone où vous vous trouvez, à une distance raisonnable, disons entre zéro et 200 mètre, doit être mort aussitôt. Pas besoin d’autorisation ». Nous lui avons demandé : « Je vois quelqu’un marcher dans la rue, est-ce que je le tue ? ». Il a dit que oui. « Pourquoi ? » « Parce qu’il n’est pas supposé être là. Personne, pas un civil sain d’esprit qui n’est pas un terroriste, ne doit se trouver à 200 mètres d’un tank. S’il se place lui même dans une telle situation, c’est qu’il prépare quelque chose. » Toute place que vous occupez, que vous avez « stérilisée », dans un rayon de zéro à 200, 300 mètres. C’est supposé être une zone « stérilisée », de notre point de vue. (…) Nous sommes entrés dans Gaza avec ça en tête et avec une puissance de feu démente. Je ne sais pas si c’était proportionné ou non. Je ne prétends pas être un commandant de bataillon ou un général. Mais cela a atteint un point où un seul tank – et il y en avait onze juste là où je me trouvais – a tiré entre 20 à 30 obus par jour. Il y avait une compagnie positionnée sur une colline qui a commencé à tirer. Ils ont tiré quelque chose comme 150 obus par jour. Ils ont tiré, tiré, tiré. Ils ont commencé les frappes deux heures avant l’entrée. Ils ont tiré principalement sur Al-Bureij qui est un quartier avec un point de vue dominant et selon ce qu’ils ont dit, un bastion du Hamas. Je ne sais pas exactement sur quoi ils ont tiré et ce qu’ils ont utilisé, mais je sais qu’ils ont tiré massivement, réduisant ce quartier à un nouveau niveau.
Témoignage, infanterie mécanique
Lorsque nous sommes entrés dans Gaza, notre rôle, en tant qu’infanterie, était de prendre les maisons et de les transformer en petit poste. Stationnés dans les maisons palestiniennes, nous avons sécurisé les tanks qui opéraient principalement dans notre zone. Nous sommes entrés dans ces maisons, de façon très, très violence, avec une puissance de feu, pour nous assurer qu’il n’y avait pas de force hostile à l’intérieur. Après nous être installés, commença ce qu’on appelle la « routine de poste ». (…) Les blindés ont tiré sans s’arrêter sur les maisons autour. Je ne sais pas quel était exactement leurs ordres, mais on aurait dit que chaque maison représentait une menace, donc toutes les maisons devaient être touchées par un obus pour être sûr qu’il n’y avait personne. Les blindés tiraient beaucoup. Toutes les maisons, en regardant le paysage, ressemblaient à des fromages suisses, avec des trous. Des maisons furent rasées pendant que nous étions là, le sol nivelé, tout avait changé. Les D9 ont écrasé toutes les maisons qui possédaient un abri de jardin, il y avait une grande zone de serres marquée sur la carte comme étant utilisées pour tirer des rockets et comme stockage de munition, les D9 les ont écrasées aussi. Sur les cartes, on signale les endroits où, selon les services de renseignement, il y a un tunnel ou des maisons qui appartiennent à des militants, je pense, ou des lieux désignés comme « points chauds » qui ne sont pas définis exactement, des zones d’entraînement, des tunnels, des sites de tirs. Et des endroits minés. Lorsque nous sommes partis, il n’y avait pratiquement plus de maisons. Une fois, nous sommes allés à une maison où nous avions été appelés, dans laquelle on croyait qu’il y avait un militant. Nous avons marché et les passages étaient encore plus détruit là où les tanks étaient passés, il n’y avait plus que du sable, il n’y avait plus de terres cultivées. Des oliviers déracinés partout. Les maison elles-mêmes étaient détruites, éparpillées, une butte où il y avait eu un bâtiment, des maisons simplement en miettes. Nous n’avions pas reçu en réalité d’ordre opérationnel disant que c’était l’objectif, mais à la fin, aucune maison n’était supposée rester debout. Dans un rayon de 500m, il n’y en avait plus une seule.