El Awamiyah, ville chiite de l’Est de l’Arabie Saoudite, est secoué depuis hier soir par de violents heurts entre la population et les forces de l’ordre. Les affrontements ont éclaté suite à un accrochage entre la police et des individus armés qui a fait six morts parmi les agents de l’ordre.
Selon plusieurs sources, la ville est totalement quadrillée depuis ce matin. La police saoudienne a tenté une incursion dans la ville, à la recherche de dizaines de suspects mais se heurte à une résistance populaire acharnée. La situation, ajoutent les mêmes sources, risque de s’envenimer à mesure que le calme tarde à être rétabli et le pire est à craindre pour les heures et les jours prochains.
En fait, les précédents événements qui ont été enregistrés dans la province orientale de Qatif où se trouve El Awamiyah sont toujours dans les mémoires. En 2012 et 2014, de violentes manifestations avaient contraint Ryadh à une répression, jugée des plus féroces. Des dizaines de personnes avaient été jetées en prison dont des chefs spirituels, pourtant généralement épargnés par les rafles de la police.
La tension s’était cristallisée lors de l’intervention de l’armée saoudienne au Bahreïn, alors théâtre de grands troubles où la majorité chiite s’était soulevée en 2012 contre la minorité sunnite au pouvoir.
Avec l’intervention au Yémen, le conflit sunnite-chiite revient au-devant de la scène et, de nouveau, les provinces orientales du royaume se sentent concernées par la guerre des Al-Saoud contre les Houthis.
Mais il s’agit, selon plusieurs observateurs, de simple catalyseur. Les autorités saoudiennes ont, de tout temps, ignoré cette partie de la population la plongeant dans une pauvreté extrême. Alors que Ryadh dort sur les plus gros des gisements de pétrole du monde, les populations chiites ne profitent presque pas de cette manne. Au point où ces provinces donnent l’impression de ne pas faire partie du richissime royaume.
Cycliquement, cette catégorie de Saoudiens – et à présent la nouvelle génération – monte au créneau pour réclamer une meilleure intégration. Le réflexe communautaire prime sur les revendications politiques et socio-économiques. Les aA-Saoud, à leur tour, réagissent violemment pour couper court à toute tentative de récupération de l’ennemi iranien.
La réaction des forces de l’ordre saoudiennes, ces 24 dernières heures risquent d’ouvrir un nouveau chapitre, bien plus dramatique, dans la relation entre le pouvoir central et ses provinces de l’Est. Car même si Ryadh dispose de moyens considérables pour étouffer toute tentative de manifestation, les chiites saoudiens, ne se sentent plus seuls, désormais, dans leur quête de reconnaissance.
Publié par Impact24.info
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