Le groupe lié à Al-Qaïda avait notamment revendiqué le double attentat suicide devant l’ambassade d’Iran à Beyrouth en novembre dernier. Son groupe était engagé dans la guerre contre le régime syrien. Il était également recherché par la Syrie, le Liban, les États-Unis et l’Arabie Saoudite. Même si les services secrets de ce dernier pays maintenaient des rapports directs avec lui.
« Les Brigades Abdallah Azzam », du nom d’un célèbre jihadiste palestinien, Abdallah Azzam, cofondateur avec Ben Laden d’Al-Qaïda, tué à Peshawar (Pakistan) le 24 novembre 1989, font partie de la nébuleuse terroriste internationaliste. Selon des sources iraniennes, ce groupe jihadiste a été fondé par Saleh al-Qaraawi, décrit comme étant le chef d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Toujours selon ces sources iraniennes, il aurait été arrêté en juin 2012, après un voyage au Pakistan, où il aurait été blessé par une frappe aérienne. Cette organisation a commencé à être active en 2009.
Les « Brigades Abdallah Azzam » seraient à l’origine de l’attaque d’un pétrolier japonais traversant le détroit d’Ormuz en juillet 2010, ainsi que de plusieurs tirs de roquettes menées depuis le Liban contre Israël. Leur zone d’action s’étend donc de la péninsule arabique jusqu’au Proche-Orient. En juin 2012, peu de temps après l’arrestation d’Al-Qaraawi, l’organisation a annoncé la nomination d’un nouveau chef, en la personne de Majid bin Muhammad al-Majid, lequel figure sur la liste des 85 terroristes recherchés par les autorités saoudiennes. Il est également recherché par les États-Unis, la Syrie, l’Iran, l’Irak et le Liban. Il s’est également engagé à fond dans la guerre contre le régime syrien, considéré comme « impie » tout comme le régime irakien.
Le double attentat suicide contre l’ambassade iranienne à Beyrouth, survenu le 19 novembre 2013, qui a causé la mort de 25 personnes et en a blessé 150 autres, a été revendiqué, via Twitter, par Sirajeddine Zreikat, un responsable des Brigades Abdallah Azzam, dirigées par le Saoudien Majed al-Majed qui vient de tomber dans les filets des services de renseignement de l’armée libanaise, probablement avec l’aide du FBI, dont une équipe se trouve, depuis quelques jours dans la capitale libanaise.
Les premières informations filtrées sur cette arrestation spectaculaire ont été confirmées par des sources proches de la Maison-Blanche et indirectement par le ministre de la Défense libanais Fayez Ghosn.
L’AFP, citant le ministre libanais sortant de la Défense, Fayez Ghosn, avait en effet rapporté mercredi matin, la veille de la Saint-Sylvestre, l’arrestation de ce gros poisson. Craignant sans doute des actes de vengeance des cellules dormantes de ces Brigades, le bureau de presse du ministre a démenti que M. Ghosn « ait fait des déclarations à une agence de presse ou à d’autres sources médiatiques ». Il n’a toutefois pas démenti cette information.
Selon l’AFP, citant Fayez Ghosn, l’« émir » des Brigades Abdallah Azzam, « Majed al-Majed, a été arrêté par les services du renseignement de l’armée libanaise à Beyrouth », sans toutefois donner de précisions sur les circonstances ou la date de son arrestation. Majed al-Majed, ressortissant saoudien, « était recherché par les autorités libanaises, et il est actuellement interrogé dans le plus grand secret », aurait précisé le ministre, toujours selon l’AFP.
Rappelant que dans le communiqué twitté par Sirajeddine Zreikat, revendiquant le double attentat suicide contre l’ambassade iranienne à Beyrouth le 19 novembre 2013, exécuté selon le modus operandi d’Al-Qaïda, il avait prévenu que les attentats se poursuivraient au Liban tant que le Hezbollah, allié de Damas, continuerait de combattre les rebelles en Syrie aux côtés de l’armée du régime de Bachar al-Assad.
Rappelons également que la justice libanaise avait condamné par contumace, en 2009, Majed al-Majed, un Saoudien né en 1973, à la prison à vie pour appartenance à Fatah al-Islam, une organisation basée au camp palestinien de Aïn al-Heloué, impliqué selon certaines sources sécuritaires libanaises, dans le récent attentat qui a coûté la vie à l’ancien ministre des Finances de Saad Hariri, et son principal conseiller, Mohammad Chatah (27 décembre 2013).
Ce groupuscule, inspiré idéologiquement par Al-Qaïda, s’était engagé en 2007 dans des combats contre l’armée dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, dans le nord du Liban, au prix de plus de 400 morts, dont 168 soldats.
Après la bataille de Nahr al-Bared, plusieurs membres de ce groupe s’étaient réfugiés à Aïn el-Héloué, le plus grand camp palestinien au Liban considéré comme une poudrière en raison de la présence de groupuscules islamistes extrémistes.
Selon des sites islamistes, Majed al-Majed a été révélé en 2012 comme l’« émir », soit le chef des Brigades Abdallah Azzam.
Selon des informations publiées par la presse libanaise, un responsable palestinien à Aïn al-Héloué a affirmé mercredi à l’AFP que Majed avait quitté le camp vers la mi-2012 pour se rendre en Syrie. « Avec la guerre en Syrie, nous avons pris la décision que les ressortissants arabes ne devaient plus rester dans le camp, après des informations faisant état de la participation de jihadistes aux combats aux côtés des rebelles », a indiqué le responsable sous couvert de l’anonymat. « Il est alors parti du camp avec cinq Saoudiens et Koweïtiens et ils sont allés en Syrie. On ne savait pas qu’il était rentré au Liban », a-t-il dit.
Le 28 décembre dernier, les services de renseignement de l’armée avaient déjà annoncé avoir arrêté un partisan du cheikh radical Ahmad al-Assir soupçonné d’avoir eu des liens avec l’un des auteurs de l’attentat contre l’ambassade d’Iran. L’homme avait été identifié uniquement par son prénom « Moustapha ».
En attendant les résultats de l’interrogatoire auquel est actuellement soumis ce chef terroriste, plusieurs questions se posent.
Que vont faire les autorités libanaises de cet encombrant prisonnier réclamé par de nombreux services ? Vont-elles le livrer à son pays d’origine, à savoir l’Arabie saoudite ? Ou vont-elles d’abord lui sous-tirer le maximum de renseignements sur la nébuleuse jihadiste au Liban, en Syrie et en Irak ?
Les États-Unis, en aidant, comme le laissent entendre certaines sources libanaises proches de l’enquête, à sa capture, cherchent-ils à mettre dans l’embarras l’Arabie saoudite qui persévère dans sa stratégie d’aide militaire et financière à tous les groupes qui combattent le régime syrien ? D’autant plus que les liens entre ces groupes terroristes et certains décideurs saoudiens commencent à gêner la Maison-Blanche.