L’armée syrienne a annoncé une cessation des combats dans tout le pays à partir de 23h ce jeudi 29 décembre. La Russie et la Turquie assurent se porter garantes du respect de ce cessez-le-feu.
Après les déclarations confuses de la veille, le président russe Vladimir Poutine a confirmé ce jeudi un accord entre Damas et les rebelles sur un cessez-le-feu et des négociations de paix. Lors d’une rencontre avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères, il a expliqué que trois documents avaient été signés: le premier «entre le gouvernement syrien et l’opposition armée sur le cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien», le deuxième sur la mise en place de mesures visant à contrôler le respect de la trêve. Le troisième est selon lui «une déclaration de la volonté (des parties au conflit, ndlr) de lancer des négociations de paix sur le règlement syrien».
Il a par ailleurs annoncé une «réduction» de la présence militaire russe en Syrie où la Russie mène depuis septembre 2015 une campagne de frappes aériennes en soutien au régime de Damas et assure ne viser que des groupes djihadistes. Il a toutefois souligné que la Russie allait «poursuivre absolument la lutte contre le terrorisme international» et «soutenir le gouvernement légitime syrien» dans cette lutte.
Des négociations de paix en préparation
Quelques minutes plus tard, le ministre turc des Affaires étrangères a à son tour annoncé le cessez-le-feu, dont la Turquie et la Russie se portent garantes, selon lui. L’armée syrienne a elle aussi ordonné «un arrêt total des opérations militaires» à partir de vendredi minuit sur tout le territoire syrien.
La Coalition nationale syrienne, représentative de l’opposition en exil en Turquie, a salué le cessez-le-feu et a invité toutes les parties à faire le nécessaire pour qu’il soit couronné de succès. L’Armée syrienne libre, qui fédère différents groupes armés, respectera cette trêve, ajoute-t-elle dans un communiqué. Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, des groupes représentant 62.000 rebelles armés ont signé l’accord de cessez-le-feu avec le régime de Damas.
L’accord exclut les djihadistes du groupe État islamique ainsi que ceux du Front al-Nosra, l’ex-branche syrienne d’al-Qaidarebaptisée Fateh al-Cham, et les groupes qui leur sont liés, rappelle toutefois Damas. Des avions russes ont d’ailleurs bombardé dans la nuit de mercredi à jeudi des cibles de Daechdans le secteur sud d’Al-Bab, que des rebelles syriens appuyés par Ankara tentent de prendre, a rapporté l’agence de presse turque Dogan.
Washington écarté des négociations
Moins de dix jours après la victoire hautement stratégique à Alep de l’armée syrienne, soutenue par les forces russes, des milices iraniennes et irakiennes, le conflit syrien est entré ces dernières semaines dans une nouvelle phase sous l’impulsion de la Russie et l’Iran, parrains de Damas, et de la Turquie, soutien des rebelles. Plusieurs accords de cessez-le-feu ont déjà été conclus, négociés par Washington et Moscou, mais ont rapidement achoppé. En revanche, c’est la première fois que la Turquie en parraine un. Cette trêve a par ailleurs été obtenue sans la participation des Etats-Unis, qui se sont désengagés de fait du dossier depuis la chute d’Alep et l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche. Ces derniers se sont néanmoins félicités du cessez-le-feu. «Tous les efforts déployés pour mettre fin aux violences, sauver des vies et renouer des négociations politiques productives sont les bienvenus», a déclaré Mark Toner porte-parole du département d’Etat. «Nous espérons que ce sera pleinement mis en œuvre et respecté par toutes les parties», a-t-il ajouté.
Selon le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, les préparatifs de négociations de paix sur le règlement du conflit syrien doivent avoir lieu prochainement à Astana, la capitale du Kazakhstan, à l’initiative de la Russie. «Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre à Astana», a-t-il indiqué, alors qu’Ankara et Téhéran ont affiché leur volonté d’être avec Moscou des garants d’un éventuel accord de paix entre le régime syrien et l’opposition qui pourrait être conclu à Astana. La réunion d’Astana doit précéder des négociations inter-syriennes sous l’égide de l’ONU le 8 février à Genève. Astana n’est pas «une alternative à Genève», selon le ministre turc des Affaires étrangères MevlütCavusoglu. «C’est une étape complémentaire».
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a salué l’accord de cessez-le-feu espérant que sa mise en œuvre «sauvera des vies de civils et facilitera l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie», selon un communiqué publié jeudi à Genève.
Agences