L’écrivain jordanien Nahed Hattar a été assassiné dimanche 25 septembre 2016, devant le tribunal d’Amman où il devait se rendre à son procès pour « publication sur sa page Facebook d’une caricature jugée anti-islam ».
Nahed Hattar avait été arrêté le 13 août dernier suite à cette publication puis relâché et c’est le 25 septembre qu’il avait rendez-vous avec ses juges mais son assassin qui l’attendait de pied ferme était plus rapide.
Ecrivain et journaliste très engagé dans la lutte contre l’intégrisme, connu pour son soutien inconditionnel à la Syrie et son Président Bachar Assad, Nahed Hattar avait sûrement de nombreux ennemis, les Takfiristes et intégristes de tout bord bien sûr, lui-même était de confession chrétienne, mais aussi les autorités jordaniennes, engagées indirectement depuis près de six ans dans la guerre contre la Syrie et dont la réaction vis à vis de l’écrivain était d’une rare violence incitant même son avocat à ne plus le défendre.
L’ITRI condamne avec fermeté cet acte criminel qui a ôté la vie à un intellectuel et patriote engagé dans la lutte anticolonialiste et connu par ailleurs pour sa grande sympathie pour le Prophète de l’islam comme l’atteste un de ses articles de 2012*
Dénonce l’intolérance régnant partout dans la société jordanienne et l’ensemble des sociétés musulmanes et infectant toutes les couches de la population, l’assassin n’étant ni un déséquilibré ni un marginal mais de formation supérieure.
Salue la mémoire de Nahed Hattar, victime innocente de ce terrorisme islamiste qui assassine des êtres humains et détruit des pays et des sociétés au grand profit du colonialisme.
Adresse ses plus vives condoléances à la famille du défunt et à l’ensemble des intellectuels arabes.
ITRI
Ahmed Manai
Tunis le 26 Septembre 2016
* Article de Nahed Hattar en hommage au Prophète de l’Islam datant de 2012
En hommage à notre symbole national
Mohamed ibnou Abdellah était prophète au sens religieux du terme. Il était aussi prophète au sens nationaliste, sa mission ayant fondé la nation arabe.
C’était un prophète militant, révolutionnire et le dernier des prophètes, en ce sens qu’après lui, plus personne, ni un cheikh, ni un saint, ni un parti ne peut monopoliser la représentation de l’islam, après la clôture du cycle de la Prophétie et l’avènement du cycle de la nation dans l’histoire sociale.
Le Prophète arabe(SAM) est ainsi un symbole quadridimensionnel
Un symbole religieux pour les musulmans
Un symbole national pour les arabes
Un symbole révolutionnaire pour les militants pour le changement
Un symbole civil pour les militants de l’Etat civil.
Si l’expérience Mohamedienne, arabe et musulmane est un livre ouvert, et il doit demeurer ouvert pour toute lecture libre des musulmans et des non musulmans, c’est parce que toute atteinte au joyau de la couronne des symboles de la nation, ne viendrait pas de la liberté mais de l’agression.
Je suis né dans une famille arabe chrétienne, mes idées sont marxistes et mes choix politiques laïques et nationalistes et c’est pour ces raisons et non pas malgré elles, que je me sens blessé par toute atteinte au prophète, et je me sens défié par toutes ces bandes racistes et impérialistes ennemies de l’islam, de l’arabisme, du tiers monde et des mouvements de libération nationale.
Traduit par ITRI
Institut Tunisien des Relations Internationales
https://tunisitri.wordpress.com/2016/09/27/assassinat-de-nahed-hattar-communique-de-litri/
Photo : Brandissant des portraits de Nahed Hattar, les manifestants ont réclamé ce lundi la démission du chef du gouvernement jordanien