Dans l’attente du verdict du procès Khalifa, acte II à Blida, Rafik Khalifa au président du Tribunal: » je n’ai pas encore compris ce qu’on me reproche »
Rideau dimanche 14 juin 2014 sur l’acte II du procès d’El Khalifa Bank à Blida.
Sans trop de surprises, le principal prévenu Rafik Abdelmoumen Khalifa a nié tout en bloc, se défaussant, (comme il l’avait déjà fait par écrit lors du procès du volet Français en juin 2014), sur l’ensemble de ses collaborateurs d’El Khalifa Bank et surtout sur les institutions financières, commission bancaire, Banque Centrale, officiels, administrateur provisoire, liquidateur, gendarmerie nationale, sans distinction aucune.
Toutefois, ce procès s’est distingué par plusieurs faits, à commencer par l’absence de révélations importantes tant brandit comme menace par le principal accusé et ses avocats des années durant.
Ses propres avocats ont mis en cause le fondement même du renvoi au tribunal criminel et non au tribunal correctionnel après présentation d’une expertise française d’un acte public qui aurait été selon cette même expertise « maquillé » avec pour but d’aggraver les charges retenues en 2006 justifiant la saisine d’un tribunal criminel au lieu de la correctionnelle, après avoir qualifié ces délits en crime…
Autre fait marquant, le sentiment généralisé qu’un « deal » a été passé entre les parties civiles et la défense: hormis les troublants excès de civilités entre confrères qui se renvoient des « mon confrère et ami » à tout va, la soudaine volonté commune, tellement ostentatoire qu’elle est devenue suspecte, de minimiser le rôle de Rafik Khalifa allant même jusqu’à soutenir les mêmes accusations à l’égard des autres, accusations en toute évidence concertée pour justifier une peine à venir que tout le monde attend avec circonspection. Autre exemple, ces accusations de l’avocat de la partie civile curieusement reprise par celui de la défense qui fustigent « les ennemis de l’intérieur » (ndlr les collaborateurs de Khalifa) aux ennemis de l’extérieur (ndlr les autres collaborateurs ou conseillers hors Algérie) allant jusqu’à parler d’un gang organisé qui aurait dépouillé les actifs étrangers de la banque à l’insu de son dirigeant.
Or, cet artifice a déjà fait long feu quand le même Khalifa avait accusé sa propre femme, ses plus proches employés et autres collaborateurs, fournisseurs et relations d’affaires de l’ex « star de l’économie algérienne », de tous les maux dans l’instruction française.
« Khalifa peut les accuser tous mais comment se fait il que tous l’accablent, y compris ses plus proches collaborateurs, ceux de l’intérieur comme de l’extérieur? s’interroge un observateur.
La recherche d’un bouc émissaire est trop flagrante pour être crédible après tant d’années d’instruction de part et d’autres, surtout quand c’est la parole de Khalifa et de ses conseils, voire celle d’un liquidateur dont la gestion est largement contestée et opaque, qui le soutiennent.
L’instruction de Blida II a tout de même relevé des certitudes: Rafik Khalifa a bâti son empire dès les premier jour de sa fondation en 1998, à partir d’une vaste escroquerie et un faux en écriture; sa gestion a été contestée dès la première année par des organes de la Banque Centrale tandis que l’essentiel de ses dépôts provient des organismes publics et des caisses de retraites.
Enfin, l’administration provisoire mise en place en février 2003 a fauté, tandis que la liquidation a cherché à régler des comptes plus que de récupérer des avoirs: il est patent et consternant qu’aucun audit contradictoire ne vient valider les chiffres avancés, que 12 ans après le début de l’affaire, aucun chiffre avancé ne corrobore l’autre, même pas celui des déposants individuels spoliés, dont on découvre qu’ils ne seraient que quelques petits milliers et non les centaines de milliers comme avancé depuis.
Quelque soit le verdict attendu, une certitude demeure: l’affaire Khalifa et ses multiples péripéties ont trop duré, ternissant jour après jour l’image de cette Algérie tournée vers l’avenir ce, pour ne pas tourner la page de ce que l’histoire retiendra comme un des « Vaudevilles » les plus impopulaires du pays.
Mots clés : Affaire Khalifa, procès, Blida, Vaudevilles, Algérie