L’Arabie saoudite est entrée dans le monde moderne orwellien. Elle classe l’Algérie parmi les pays complaisants avec le financement du terrorisme.
La presse algérienne s’en est étranglée d’indignation. Tant de cynisme orwellien surprenant et notre presse étonnée en a perdu le sens du constat : les élites saoudiennes parlaient comme celles qui les avaient formées en Angleterre et aux USA.
Mimétisme, psittacisme, vernis superficiel sur couches géologiques féodales profondes, emprunt sans conséquences à la mode du langage politique actuellement dominant ou réelle émergence d’une puissance régionale sur le modèle de ses anciens protecteurs historiques anglo-US et de son allié israélien tenu secret?
Notre ministre des A.E a réagi en niant l’existence d’une crise avec le Royaume anachronique et en qualifiant l’«événement» de tempête dans un verre d’eau et en donnant des détails sur la mise à jour de la législation algérienne en matière de lutte contre le financement du terrorisme. Il était dans son rôle.
Dans la foulée, il a informé l’opinion internationale des mesures prises par l’Algérie et coupé l’herbe sous les pieds de la propagande saoudienne.
Il minimise l’acuité et la portée d’une crise si elle existe, laissant le temps aux autres réponses de se mettre en place.
Les autres réponses dans l’actuelle gestion du monde arabe et africain par le chaos se déroulent sur les terrains militaires et sécuritaires, pas sur le terrain diplomatique. Les photos de la dernière opération antiterroriste, postées par les soldats algériens, délivreraient un message bien plus adapté à notre contexte actuel.
La presse et le ministre ont laissé en suspens l’utilité d’un débat : l’Arabie saoudite est un ennemi potentiel de l’Algérie, comme elle est l’ennemi réel de la Syrie, de l’Irak, du Yémen et, hier, de la Libye, sous les prétextes contradictoires de défendre la légalité ici, les sunnites là-bas, de faire front à l’Iran partout.
La réponse est dans l’exposé de nouvelle doctrine saoudienne qui parle de «sécurité nationale». C’est le concept-clé des politiques étrangères US et Israélienne qui leur donne droit à l’action militaire préventive et au «droit de regard» sur la vie politique des pays et peuples les plus lointains. Et aussi votre devoir de les rassurer en adoptant telle mesure de confiance ou en nommant tel ministre ou responsable.
C’est au nom de cette doctrine que les Saoudiens ont poussé à la destruction de la Libye, à lever des armées multinationales en Syrie et en Irak, à détruire le Yémen le plus pauvre des pays arabes et à transformer, par sa puissance financière, ses «intérêts nationaux» en cause unique de la Ligue arabe.
L’ennemi de ce genre de pays n’est pas le voisin immédiat mais les peuples et les Etats qui sont différents et en dehors de la «Beït et ta3a», la «Maison de l’obéissance».
Il est grand temps pour ouvrir ce débat au sein de la société et entre forces et mouvements politiques.
M.B.
Source : impact24.info
https://www.impact24.info/lalgerie-et-la-doctrine-saoudienne-de-securite-nationale/
Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur
Légende : Au nom d’une nouvelle doctrine dite de « sécurité nationale », les Saoudiens ont poussé à la destruction de la Libye, à lever des armées multinationales en Syrie et en Irak, à détruire le Yémen le plus pauvre des pays arabes et à transformer, par sa puissance financière, ses «intérêts nationaux» en cause unique de la Ligue arabe.