Homme d’État respecté, l’ancien ministre de Ben Ali, qui a été pendant près de quatre ans la cible de l’acharnement judiciaire du nouveau pouvoir islamo-opportuniste d’Ennahdha, a pu finalement rentrer de son exil parisien après avoir été totalement blanchi des accusations fabriquées de toutes pièces contre lui par une justice aux ordres. S’il décide de se présenter à la haute magistrature dans un pays gagné jusqu’ici par le doute, il incarnera sans doute l’espérance d’une nation trahie et meurtrie. Voici comment les sites tunisiens ont couvert et commenté ce retour de l’enfant du pays. Un retour qui va redistribuer les cartes à la veille des élections législatives et présidentielles prévues dans les mois à venir.
Leaders.com : Mondher Zenaïdi rentre d’exil. Sera-t-il le candidat consensuel recherché par Ennahdha ?
Après un exil volontaire en France, entamé au lendemain de la révolution, Mondher Zenaïdi, est rentré ce dimanche à Tunis après avoir été réhabilité par la justice. Il a été accueilli par plus d’un millier de personnes entre parents, militants destouriens, anciens collaborateurs et jeunes sportifs (N’oublions pas qu’il a été pendant plusieurs années président de l’Espérance sportive de Tunis).
L’ancien ministre de la Santé, du Commerce, du Tourisme et du Transport, sous l’ancien régime s’est aussitôt rendu au cimetière du Jellaz où il s’est recueilli sur la tombe de son père, Si Abdelaziz Zenaidi, décédé il y a quelques mois, en février dernier. Il était alors privé, dans une double peine, de l’accompagner à sa dernière demeure.
Le retour de Mondher Zenaïdi a été précédé par une campagne sur la toile en faveur de sa candidature à la présidence de République. Il aura jusqu’au 22 septembre, date-butoir pour le dépôt des candidatures pour se décider. Mais tout porte à croire qu’il se portera candidat. Car quand bien il aurait eu des doutes, l’accueil qui lui a été réservé aura suffi à les balayer.
Cette candidature, si elle se confirme risque de changer complètement la donne. Après s’être présentés en ordre dispersé, les destouriens pourraient bien opter pour un candidat d’union en la personne de Mondher Zenaïdi, tout comme elle pourrait accentuer les divisions dans leurs rangs. À moins que le candidat consensuel que le mouvement Ennahdha veut proposer aux partis ne prenne les traits de l’ancien ministre de la santé.
Kapitalis.com : Mondher Zenaidi accueilli en « héros » à son retour en Tunisie (Zohra Abid)
L’ancien ministre du Commerce, du Tourisme et de la Santé sous Ben Ali, qui a quitté la Tunisie en mars 2011 et s’est réfugié en France, a débarqué ce dimanche 14 septembre 2014 à l’aéroport de Tunis-Carthage où une grande foule l’attendait depuis une heure, le vol TU717 en provenance de Paris-Orly ayant accusé un retard d’une heure.
Le retour de M. Zenaidi a été rendu possible par son acquittement, le 27 mai dernier, par la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis dans une affaire de corruption. Cet acquittement pour manque de preuve a été suivi par la levée de l’interdiction de voyage qui le frappait et qui l’a contraint à l’exil pendant près de 3 ans et demi.
Mondher Zenaïdi, qui va présenter sa candidature à la présidentielle de novembre prochain, a dû être conforté dans sa décision de se jeter de nouveau dans la bataille politique en voyant ces centaines de Tunisiens et de Tunisiennes, venus fêter son retour en agitant le drapeau national et en scandant son nom. « Zenaidi ya batal, Tounes hia el-kol » (« Zenaidi le héros ; la Tunisie est au-dessus de tout »), scandait la foule, qui voit déjà en lui une sorte de sauveur.
Des citoyens étaient venus par bus entiers de plusieurs régions du pays. Il y avait parmi la foule des figures politiques de l’ancien régime et de hauts cadres de l’administration tunisienne, dont beaucoup ont travaillé sous sa conduite et apprécient les qualités humaines de l’homme, sa disponibilité, son altruisme, son professionnalisme et ses grandes capacités de travail.
Ce sont ces qualités qui étaient sur toutes les bouches. Des fonctionnaires des ministères de la Santé, du Commerce et du Tourisme étaient là pour lui témoigner leur reconnaissance et égrener les bons souvenirs que Mondher Zenaidi a laissés chez la plupart d’entre eux.
L’accueil était cependant quelque peu chaotique. Le dispositif policier mis en place par le ministère de l’Intérieur pour éviter tout dérapage a contribué à l’anarchie qui a régné à l’aéroport dimanche en début d’après-midi. M. Zenaidi a été carrément happé par une nuée d’agents de l’ordre qui l’ont sorti de la salle d’arrivée dans une immense cohue. L’homme n’a pu saluer aucun de ses amis et membres de sa famille venus l’accueillir ni répondre aux questions des journalistes. Les agents se sont comportés comme s’ils avaient des instructions pour l’empêcher de le faire. Peut-être craignaient-ils aussi pour sa sécurité ? En tout cas, les choses auraient pu se dérouler dans de meilleures conditions si elles étaient un peu mieux organisées.
Mondher Zenaïdi, qui a perdu son père, Abdelaziz Zenaidi, grand commis de l’État comme lui, décédé le 20 février 2014, et n’a pu assister à ses obsèques, s’est dirigé directement vers le cimetière du Jellaz où il s’est recueilli un long moment sur la tombe du cher disparu. Il a déclaré que la Tunisie lui a beaucoup manqué et qu’il est heureux d’être enfin revenu au pays, ajoutant : « Je vous remercie d’être venus si nombreux. C’est moi qui devrais vous rendre visite dans vos régions ».
TunisieSecret.com : accueil triomphal qui augure d’un destin national
Comme nous l’avons imaginé, Mondher Zenaïdi a été accueilli par des centaines de Tunisiens, et non pas des dizaines comme l’a titré BusinessNews (En fait ce site a rectifié le titre et a parlé de plusieurs milliers). Notre correspondant permanent à Tunis parle de plus de 2 500 personnes à l’intérieur de l’aéroport de Tunis-Carthage et à l’extérieur. Un accueil spontané et sincère qui constitue déjà un test grandeur nature pour le futur candidat aux présidentielles et un choc pour ses adversaires politiques.
En fin de matinée, j’ai compté quelques centaines de personnes venues, en bus et en trains, des quatre coins du pays. Des gens modestes, des gens du peuple, comme disent certains bourgeois de Tunis. J’ai posé la question à deux personnes, un vieux de 70 ans, et un jeune, à peine la trentaine. Pour Boubakeur Khammassi, arrivé de Jendouba en louage avec ces deux fils, Mondher Zenaïdi est d’abord un philanthrope : « Je n’ai jamais oublié ce qu’il a fait pour ma famille en 1998, alors que le gouverneur et le délégué régional nous ont méprisés et délaissés. Je ne pensais pas qu’un ministre me recevrait. Il l’a fait, et un mois plus tard, mes deux fils que vous voyez là, ont obtenu un travail pour nourrir leurs familles… » (c’est nous qui traduisons). En 1998, Mondher Zenaïdi était ministre du Commerce.
Pour Mehdi Besbes, à peine la trentaine, arrivé en voiture avec ses amis du quartier chic d’Ennasr, Mondher Zenaïdi est un personnage politique découvert sur facebook. « Mon oncle (ancien médecin à la Rabta)m’a beaucoup parlé de lui, de sa compétence, de sa modestie et de sa bonté lorsqu’il était ministre », ajoute ce jeune qui s’est levé très tôt pour aller chercher en voiture ses amis de condition sociale plus modeste. « Nous en avons assez de ces incompétents et menteurs, la Tunisie a besoin d’un homme comme Zenaïdi, qui a de l’expérience et qui est un enfant du peuple », ajoute l’un d’eux. « C’est nous qui avons fait la révolution et nous avons été trahis. C’est l’heure de notre revanche », enchaîne Mehdi Besbes.
À l’aéroport, il n’y avait pas que ces Tunisiens anonymes. Aux environs de 13h, nous avons vu passer Kamel Morjane, Abdallah Kallel et Samir Labidi. Beaucoup d’autres visages connus de l’ancien régime et du monde de la presse étaient présents à l’aéroport. Il y avait aussi plusieurs hauts commis de l’État, des directeurs et fonctionnaires d’anciens ministères qui ont été dirigés par Mondher Zenaïdi depuis la fin de l’ère bourguibienne. Un confrère dont on ne citera pas le nom a lâché, « On dirait que c’est Ben Ali qui revient » !!!
Dès la sortie de Mondher Zenaïdi, des centaines de personnes ont chanté l’hymne national en agitant le drapeau tunisien. Scène très émouvante. Parmi les slogans scandés en arabe, « Zenaïdi est notre président », « Bienvenu au ministre du peuple » et « Mondher le généreux, tu es le père du pauvre et de l’orphelin ». De l’aéroport de Tunis-Carthage, Mondher Zenaïdi s’est directement rendu au cimetière de Tunis, Al-Jallaz, pour se recueillir sur la tombe de son père, décédé le 20 février 2014 et à l’enterrement duquel il n’a pas pu assister. Abdellaziz Zenaïdi, premier ingénieur centralien tunisien, a été un grand bâtisseur de la Tunisie post-coloniale.
En termes de nombre et de spontanéité, l’accueil qui a été réservé à Mondher Zenaïdi est plus impressionnant que celui qui était réservé à Rached Ghannouchi, le 30 janvier 2011, ce qui ne manquera pas d’aiguiser les couteaux des islamistes et des céperistes dont le guide et mercenaire du Qatar, Moncef Marzouki a été accueilli à coups de poing sur la tête, en janvier 2011, à la Casbah ! La réaction cépero-islamiste était prévisible et la campagne anti-Zénaïdi a déjà démarré bien avant son retour « présidentiel » à Tunis. Mais elle n’aura pas d’incidence ni d’impact réel, tant et si bien que la majorité des Tunisiens est revenue de son euphorie révolutionnaire qui a ramené leur pays plusieurs années en arrières et sur tous les plans.
En revanche, la question politique centrale et décisive est de savoir si cet accueil triomphal sera analysé à sa juste valeur par la famille destourienne élargie à la société civile, à une certaine gauche patriotique et à des composantes essentielles de l’UGTT et de l’UTICA. La famille destourienne, qui est toujours éparpillée et tiraillée entre différents courants ou plutôt personnes, attendait depuis un bon moment le leader charismatique pouvant opérer son unité et incarner ses aspirations patriotiques. L’a-t-elle finalement trouvé en la personne de Mondher Zenaïdi ?
C’est aux différentes personnalités qui la représentent de répondre en faisant preuve de realpolitik et surtout de sens patriotique. Il y va des intérêts supérieurs de la Tunisie et de l’avenir de son peuple. Hamed Karoui, Abderrahim Zouari, Kamel Morjane, Mustapha Kamel Nabli, Mohamed Ayachi Ajroudi, Mohamed Jegham, Taïeb Baccouche… et même Béji Caïd Essebsi, doivent pouvoir s’entendre, dans l’intérêt bien compris de la Tunisie.
Businesnews : un accueil chaleureux pour Mondher Zenaïdi à l’aéroport
Arrivant, cet après-midi du dimanche 14 septembre 2014, à l’aéroport Tunis-Carthage, Mondher Zenaïdi a été accueilli en fanfare par la foule qui l’attendait depuis ce matin.
Les personnes présentes massivement, brandissant le drapeau tunisien et des banderoles de bienvenue, ont scandé plusieurs slogans tels que « Mondher le héros, la Tunisie passe avant tout » ou encore « Fils du peuple ». Escorté par plusieurs agents de sécurité, Mondher Zenaïdi a été conduit jusqu’à sa voiture au milieu d’une grande présence médiatique.
Plusieurs milliers de personnes étaient présentes pour accueillir l’ancien ministre. Il est à noter que plusieurs bus ont été empêchés d’accéder à l’aéroport.