Cela fait des dizaines d’années que les autorités, mais aussi les Birmans, persécutent le peuple des Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie, ces « illégaux à la peau noire » rejetés et réprimés, apatrides dans leur propre pays. Ces persécutions n’ont pas l’heur d’émouvoir les investisseurs et gouvernements occidentaux, pétrole et autres ressources obligent. Depuis la dissolution de la junte en mars 2011, l’Union européenne, les États-Unis, la Banque mondiale, la Chine et d’autres ont adopté une politique diplomatique et d’investissements qui ne s’embarrasse pas de mauvaise conscience à l’égard de la situation de ce peuple, considéré par l’Onu comme « l’une des minorités les plus persécutées de la planète ». Il aura fallu le drame des milliers de réfugiés errant en mer d’Adaman (avec des Bangladais) à la recherche d’une terre d’asile, là encore rejetés par les pays riverains asiatiques, pour que la communauté internationale commence à ouvrir les yeux.
Pourtant, depuis plusieurs années, de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme tentent d’attirer l’attention sur le « nettoyage ethnique » et les « crimes contre l’humanité » perpétrés par les forces de sécurité birmanes. Dans le Rapport mondial 2015 de Human Rights Watch (HRW) on peut lire : « La répression systématique de l’ethnie musulmane des Rohingyas dans l’État d’Arakan s’est poursuivie à l’encontre de 140 000 déplacés internes rohingyas chassés de leurs maisons au cours des violences de 2012 […] Tous les Rohingyas se voient refuser la citoyenneté en vertu de la loi sur la citoyenneté de 1982. […] Le nombre de Rohingyas fuyant l’État d’Arakan par la route a considérablement augmenté en 2014, les estimations suggérant que 50 000 à 100 000 individus ont fui depuis début 2013, principalement pour la Malaisie » où ceux qui ne sont pas renvoyés sont envoyés dans des camps de détention.
Outre la question des Rohingyas, la Birmanie reste confrontée au conflit armé avec certains groupes ethniques, des dizaines de milliers de civils fuyant les violences militaires et les bombardements de régions à forte population. « Les personnes déplacées dans les zones contrôlées par le gouvernement risquent d’être arrêtées et torturées arbitrairement », peut-on lire dans le rapport.