La disparition et l’assassinat atroce des quarante-trois étudiants d’Iguala, fin septembre, a provoqué des manifestations monstres dans tout le Mexique, exprimant le désir d’en finir avec la politique du président Pena Nieto. Au-delà de la solidarité avec les familles et de la volonté d’exprimer leur indignation, c’est toute une population qui rejette la corruption de la police et l’impunité dont bénéficient les mafieux et narcotrafiquants, dans un pays où la prétendue « guerre contre la drogue » a fait plus de 80 000 morts et 20 000 disparus en huit ans. Les étudiants étaient membres de l’École normale rurale d’Ayotzinapa, dans le sud du Mexique, une région particulièrement marquée par la corruption de la police et des forces de sécurité et par ses liens avec les tueurs du cartel Guerreros Unidos. Ce sont deux membres de ce gang qui ont avoué, après leur arrestation, avoir perpétré le massacre.
L’université d’Ayotzinapa est connue pour son engagement politique anti-corruption et anti-narcotrafiquants. Guerreros Unidosest unpetit groupe né d’une scission du puissant cartel des frères Beltran Leyva, affaibli par l’arrestation de son chef en 2009. Il vise aussi la population civile, principalement touchée par le racket et les enlèvements de ce gang.
Les assassinats vont très certainement marquer un tournant dans la vie politique mexicaine, avec une radicalisation de la population contre le pourrissement. Si des dizaines de policiers ont été arrêtés pour leurs liens avec les Guerroros Unidos, dont le chef Sidronio Casarrubias Salgado a également été capturé, c’est un grand nettoyage et un retour à la démocratie et à la sécurité qu’exige aujourd’hui le peuple mexicain.