Pas plus qu’il ne faut accepter les élucubrations inqualifiables de Dieudonné, on ne doit accepter celles de Nicolas Canteloup sur le Rwanda. Il y a des faits qui ne se prêtent pas à l’humour. Est-ce que l’humoriste français tenterait « de faire sourire avec une réalité, justement parce qu’elle est tragique, donc insupportable » à propos du génocide perpétré par les nazis ? Non. Et s’il avait inventé un sketch entre un Monsieur David « un peu contrarié » et un Monsieur Hitler, il se serait certainement retrouvé au tribunal. La radio Europe 1, sur laquelle a été diffusé ce sketch, « soutient Nicolas Canteloup. C’est de l’humour, l’humour est subjectif et nous sommes à l’aise avec cela », a déclaré l’un de ses porte-parole à l’AFP.
Fin janvier, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) avait déjà mis en demeure Canal+ pour un sketch « humoristique », avec Gilles Lellouch sur le génocide rwandais diffusé en décembre 2013, dans le cadre de l’émission de Jean Dujardin et sa bande, et qui, selon lui, « portait atteinte à la dignité des victimes ». Un des acteurs chantait une parodie de « Fais dodo, Colas mon petit frère », avec des paroles comme « Maman est en haut, coupée en morceaux, Papa est en bas, il lui manque les bras ». Ce que l’écrivaine Scholastique Mukasonga, rescapée tutsi du génocide, dénonçait comme « l’innocence tranquille d’un racisme ordinaire ». Un racisme pas si tranquille et pas si ordinaire, en réalité, car il nourrit aujourd’hui, en toute bonne conscience, la clientèle de l’extrême droite française.