Par un de ces retournements spectaculaires dont l’Histoire a seule le secret, Ali Bongo Ondimba, fils d’Omar Bongo Ondimba, pilier de la Françafrique pendant près d’un demi-siècle, est devenu, à la faveur des péripéties de la dernière présidentielle remportée au forceps, un symbole de la résistance à la France et à ses alliés européens, qui n’ont pas pu cacher leur préférence pour l’opposant de la dernière heure, Jean Ping. En affichant, avant même la proclamation des résultats, leur satisfaction de voir l’alternance se produire enfin à la tête du Gabon, les socialistes français, au pouvoir, ont irrité les anti-Françafrique bien au-delà des frontières du Gabon. Au Cameroun voisin, la presse a pris fait et cause pour Ali, dans ce combat inattendu. Le fils de la Françafrique y incarne la résistance contre ce système mafieux qui a longtemps régenté la vie politique en Afrique francophone et refuse de mourir, malgré plusieurs annonces nécrologiques. En Côte d’Ivoire, l’aile dure du FPI, favorable à Laurent Gbagbo, s’est empressée de féliciter Ali pour avoir su tenir tête à la France. Et dire que, de son vivant, Bongo père soutenait que l’Afrique sans la France, c’était une voiture sans chauffeur…