Les dessous des accusations marocaines contre l’Algérie : TSA révèle ce qui s’est réellement passé à la suite de la réunion du Comité de décolonisation des Nations unies où le Polisario a remporté une victoire éclatante.
Que s’est-il passé, jeudi 18 mai à Saint-Vincent et les Grenadines, aux Caraïbes, après la réunion du Comité de décolonisation des Nations unies ? Depuis hier soir, les Marocains, appuyés par leur presse, crient au scandale. Ils affirment que le numéro deux de leur ambassade a été agressé par Soufiane Mimouni, le numéro trois du MAE algérien. Ils affirment avoir porté plainte sur place. Ce soir, Rabat annonce avoir convoqué le Chargé d’affaires de l’ambassade d’Algérie au Maroc.
Un récit de l’agression confus
Mais les arguments que les Marocains avancent sont confus. Le récit de l’agression présumé n’est pas précis. Hormis les Marocains eux-mêmes, personne ne semble avoir assisté à cette agression. Par ailleurs, sur la photo publiée par la presse de Rabat, on voit certes un homme – présenté comme le diplomate marocain agressé – à terre qui se tient le visage au niveau du nez, mais rien n’indique qu’il s’agit bien d’un diplomate. De même qu’aucune trace de sang n’est visible sur son visage ou ses mains.
Dans leurs éléments de langage fournis à la presse de Rabat, les diplomates marocains évoquent une « nervosité » des Algériens. Pourtant, le rapport final de la rencontre de Saint–Vincent et les Grenadines qui doit être soumis à la prochaine Assemblée générale pour adoption, souligne « le droit du peuple Sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance et réitère que le Front Polisario est le Représentant unique et légitime du peuple sahraoui ». C’est plutôt une victoire pour le Front Polisario et l’Algérie qui soutient la cause sahraouie. Pourquoi, dans ce contexte, nos diplomates seraient nerveux ? Mystère.
Le témoignage d’un haut diplomate algérien
En fait, selon un haut responsable de la délégation algérienne présent à la rencontre qui s’est confié à TSA ce vendredi, « la délégation marocaine, forte d’une quinzaine de membres dont un grand nombre d’agents des services de sécurité, était venue avec l’objectif central d’imposer deux pseudo élus locaux, respectivement de Laayoune et de Dakhla, en qualité de pétitionnaires, représentant la population du Sahara Occidental, dans une manœuvre grossière destinée à torpiller les efforts du Secrétaire général de l’ONU dans le cadre de la relance du processus de règlement ».
« Devant l’échec de sa tentative et le rejet par le Comité de ses prétentions, les membres de la délégation marocaine ont entrepris une action systématique de harcèlement des délégations présentes, des représentants du Secrétariat et du Président de séance, alternant les intimidations physiques et les menaces verbales contre les participants et en particulier les membres de la délégation algérienne. Ils ont été jusqu’à empêcher physiquement un membre de la délégation algérienne de mener son travail normal de contact avec les délégations », poursuit notre source.
« Ils ont, par la suite, agressé lâchement l’Ambassadeur Soufiane Mimouni, membre de la délégation algérienne en pleine salle de réunion, au vu et au su des participants ébahis par ce comportement sauvage et indigne d’une délégation officielle », ajoute-t-elle.
Pour notre source, les diplomates marocains se sont alors livrés à « une mise en scène préparée à l’avance et orchestrée par le chef de la délégation marocaine lui-même, l’Ambassadeur Omar Hilale, s’est aussitôt emparé de son téléphone mobile pour crier à l’agression algérienne contre un de ses adjoints et affirmer qu’il a tout filmé de la scène ».
« Au même moment, l’agresseur contre l’Ambassadeur Soufiane Mimouni a quitté précipitamment la salle pour revenir quelques minutes plus tard pour feindre un malaise prétendument provoqué par des coups imaginaires qu’il aurait reçus du diplomate algérien et, sur instruction de ses responsables, de s’étendre en pleine salle », confirme encore notre source.
Notre source est formelle : « Le Président de la Conférence, qui a assisté cette scène inouïe, a exprimé sa stupéfaction devant le caractère grossier de la manœuvre marocaine et promis à la délégation algérienne d’en faire rapport fidèlement au Secrétaire général des Nations unies ».
Le témoignage de Mohamed Haneche
Une version confirmée à TSA par le chef de la délégation algérienne, l’ambassadeur Mohammed Haneche qui était présent dans la salle de réunion. Il évoque « une agression préméditée » de la part des Marocains. Selon lui, le directeur général du MAE « n’a, à aucun moment, réagi et a fait preuve d’un comportement plein de dignité et d’une réserve en rapport avec sa qualité de représentant de l’État algérien, ainsi que l’attestent de nombreuses délégations présentes au cours de cet incident ».
Il a vivement déploré que la délégation marocaine ait « cru recourir à une mise en scène aussi pitoyable dans sa quête effrénée pour mettre des obstacles aux travaux du Comité de décolonisation et intimider les délégations y compris algérienne prenant part à ces travaux ».
Accusations marocaines contre un diplomate algérien : l’Algérie dément et accuse
L’Algérie a qualifié vendredi de “piètre mise en scène d’une médiocre pièce de théâtre” les accusations marocaines contre un diplomate algérien de haut rang.
“Les informations rapportées par des médias marocains et reprises en l’état par certains sites au sujet d’une prétendue agression physique qui aurait été commise par un diplomate algérien de haut rang sur un membre de la délégation marocaine en marge de la tenue à Saint-Vincent-et-les Grenadines du séminaire régional organisé par le comité spécial de décolonisation communément appelé le C24, sont des informations inventées, infondées, fausses et mensongères et sans aucun lien avec la réalité“, a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, publié via l’agence officielle.
“Nous considérons que les accusations proférées contre notre diplomate ne sont rien de plus qu’une piètre mise en scène d’une médiocre pièce de théâtre et une répétition des méthodes et d’un scénario auxquels nous avons été habitués“, a souligné le porte-parole, précisant que “la réalité des faits tels qu’ils se sont déroulés est à l’antipode de la version avancée“.
“Un membre de la délégation algérienne, une jeune diplomate en l’occurrence, a fait l’objet, depuis le début des travaux du séminaire, d’un harcèlement permanent et a même été victime de tentatives d’agressions de la part d’éléments de la délégation marocaine, ce qui a amené les autorités du pays organisateur à désigner des agents pour assurer sa sécurité“, a-t-il soutenu.
“Les accusations contre notre diplomate sont une nouvelle fuite en avant et une illustration du dépit suite au travers et à l’échec subis par la diplomatie marocaine après le refus du Comité des vingt-quatre de céder à la pression visant à priver le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination“, a expliqué le porte parole du MAE, faisant remarquer que “les hautes autorités onusiennes ont été informées des détails de ce regrettable incident“.
TSA