La nouvelle ambassadrice américaine au Liban, Elizabeth Richard, n’a rien d’une diplomate de carrière. Elle est certes diplômée en droit, mais également de l’École nationale de la guerre (National War College). Forte de ses compétences guerrières, elle a pondu dès son entrée officielle en fonction un premier communiqué affichant sa détermination à « démanteler le réseau financier du Hezbollah », une composante essentielle du paysage politique libanais qui a ses représentants au Parlement et au Conseil des ministres.
Cette étonnante et brutale déclaration de guerre a rappelé aux Libanais la sinistre période qui a commencé en 2005, après l’assassinat de l’ancien président du Conseil Rafic Hariri et le retrait du dernier contingent syrien du Liban. À cette époque, il ne se passait pas un jour sans que les Libanais n’entendent les ambassadeurs occidentaux, surtout américain et français, dicter à la classe politique la conduite à suivre. Inutile de dire que cette arrogance n’a pas dissuadé le Hezbollah et ses alliés de se renforcer, de faire face à l’agression israélienne contre le Liban l’été 2006, infligeant à l’armée israélienne la plus grave défaite de son histoire.
En ciblant de nouveau le Hezbollah, alors que ses combattants font face aux groupes terroristes syriens (Daech et Al-Qaïda) qui campent à la frontière syro-libanaise, Elizabeth Richard donne l’impression, contrairement à ses dires, de chercher à déstabiliser le pays du Cèdre et à y rallumer la mèche de la guerre civile. Pour le compte de qui ? Pour le royaume wahhabite ou pour Israël ? En tout cas, pas pour le compte des États-Unis, dont elle est censée défendre les intérêts.