Peu avant la conclusion de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, Barack Obama s’était adressé aux dirigeants saoudiens en ces termes : « Les vraies menaces qui vous guettent ne proviennent pas de l’Iran ou de l’extérieur, mais des insatisfactions de votre jeunesse. » Il n’a pas tort. Plus de la moitié des 20 millions d’habitants du royaume saoudien ont moins de 25 ans, les deux tiers moins de 30 ans. Selon certaines estimations, le taux de chômage des 15-24 ans est de 30 %. La chute des cours du baril de pétrole brut provoquée par les dirigeants a frappé l’économie de l’Arabie saoudite comme un boomerang. Selon le FMI, elle risque de connaître une crise monétaire grave d’ici à cinq ans si elle ne procède pas aux « changements structurels » si chers à l’organisation monétaire internationale. Les coupes budgétaires, la baisse des subventions sur les carburants et l’imposition de nouvelles taxes ne suffiront pas. Riyad envisage de réduire l’aide financière dont bénéficient ses alliés régionaux, l’Égypte notamment, qui a reçu, depuis l’arrivée de Abdel Fattah el-Sisi au pouvoir, plus de 30 milliards de dollars et jouit de tarifs préférentiels sur le pétrole. Dans ces conditions, la jeunesse saoudienne lésée pourrait devenir une bombe à retardement.