Une élection présidentielle à surprise
Figure charismatique timoraise et président sortant, José Ramos Horta, prix Nobel de la paix, a été éliminé au premier tour de l’élection présidentielle du 17 mars. Il paye le fait d’avoir jugulé ni la pauvreté ni la corruption ; dans ce pays d’un peu plus d’un million d’habitants, indépendant depuis dix ans, qui a tiré de l’exploitation du pétrole en offshore quelque 4 milliards de dollars au cours des dernières cinq années. En dépit de son aura, Ramos Horta a recueilli seulement 18 % des suffrages. Il a perdu l’appui du parti du premier ministre Xanana Gusmao, le Congrès national pour la reconstruction du Timor (CNRT), qui a soutenu un ancien combattant de la guerre contre l’occupation de l’Indonésie dirigée par le Fretilin (Front de libération du Timor-Oriental), le général José Maria Vasconcelos, dit Taur Matan Ruak. Celui-ci a obtenu 25 % des voix. Il affrontera, le 16 avril, le leader du Fretilin, Francisco Guterres, dit « Lu Olo », arrivé en tête du scrutin avec 28 % des suffrages.
Toutes ces personnalités sont issues du Fretilin ou ont collaboré étroitement avec lui, comme ce fut le cas de Ramos Horta, pendant les vingt-sept ans qu’a duré le conflit. Depuis les difficiles négociations pour l’indépendance, des divergences se sont fait jour et se sont accentuées par la suite, ainsi que l’ont amplement démontré les soubresauts qu’a vécus le pays, dont des tentatives de coups d’État sanglants. Au nom de la neutralité de son rôle, le président Ramos Horta a refusé de donner une consigne de vote pour le deuxième tour de la présidentielle, dont l’issue influencera sans doute les législatives prévues en juin.