Lors du référendum du 23 juin, les Britanniques ont décidé, à 52 %, de quitter l’Union européenne. Les partisans du « oui » ont utilisé tous les arguments populistes et xénophobes « offerts sur un plateau » par une Commission européenne méprisante des peuples. Au service d’un capitalisme néolibéral depuis des années, et particulièrement depuis l’arrivée de l’Allemande Angela Merkel, elle impose austérité et réglementations antipopulaires, renforçant les extrêmes droites européennes. Loin de l’Europe des peuples, démocratique et de progrès, souhaitée par des millions d’Européens. La victoire des « Brexiters » aura également des conséquences graves pour les pays du Commonwealth, particulièrement en Afrique.
Dès l’annonce des résultats, la chute de la livre sterling a entraîné la devise de nombreux autres pays, dont celle du rand sud-africain (-8 %), déjà au plus bas, faisant peser une nouvelle menace sur le futur des accords commerciaux et sur sa croissance particulièrement faible. Un ralentissement de l’économie britannique aurait un impact sur l’économie de tous ses partenaires du Commonwealth, de Johannesburg à Wellington, y compris sur le transfert d’argent des immigrés à leurs familles, comme au Zimbabwe, dont les 3 millions d’émigrés envoient près de 2 milliards de dollars chaque année au pays. Au Nigeria et au Kenya, l’inquiétude est grande, notamment concernant les exportations en Europe via la Grande-Bretagne. C’est par exemple le cas des exportations de fleurs du Kenya (43 % de la production mondiale), soit 500 millions de dollars par an, troisième source de devises.
Les accords de libre-échange ou les tarifs douaniers préférentiels devront être renégociés si la Grande-Bretagne est impliquée. Les investissements, le commerce et l’aide au développement seront inévitablement affectés. C’est ce que confirmait Pravin Gordhan, ministre sud-africain des Finances, avant les résultats : « Si le Royaume-Uni sort de l’Europe, l’instabilité et l’incertitude pourraient avoir un grave impact sur notre pays. » Et, comme l’explique Jakki Cilliers, directeur de l’Institute for Security Studies, le Brexit pourrait, également, signifier la « fin de l’Empire britannique » qui avait retrouvé son influence grâce, en grande partie, à l’Union européenne. Il faudra attendre que le fog se lève pour mesurer l’ampleur des dégâts.