L’Association des vétérans de la guerre de libération nationale lâche Robert Mugabe. Indéfectible soutien du vieux dirigeant jusqu’ici, elle a déclaré, par la voix de son dirigeant, Douglas Mahiya, qu’elle soutiendrait le vice-président, Emmerson Mnangagwa, à l’élection présidentielle de 2018. Robert Mugabe, 92 ans, au pouvoir depuis 1980, n’a pas apprécié : il a envoyé « un avertissement fort » aux anciens combattants, les menaçant de réagir « par la force » contre ce qu’il considère comme une « rébellion ». Les partis d’opposition ont vivement réagi à ce que le nouveau parti, Zimbabwe People First (ZPF), a qualifié de « psychopathie qui va trop loin ».
Le ZPF a été lancé le 1er mars dernier par Joice Mujuru, 60 ans. Mujuru est une ancienne combattante du mouvement de libération, première vice-présidente de la République et vice-présidente du parti au pouvoir, la Zanu-PF, entre 2004 et 2014, limogée par Mugabe et exclue du parti en décembre 2014, à la suite de la campagne de diffamation dans tout le pays lancée contre elle par Grace Mugabe, l’épouse du président.
Rivale annoncée d’Emmerson Mnangagwa à la prochaine présidentielle (à laquelle Robert Mugabe aurait l’intention de se présenter une nouvelle fois, à 94 ans), vétéran elle-même et veuve du général Solomon Mujuru, héros de la guerre de libération et premier chef d’état-major à l’indépendance, mort dans des conditions mystérieuses mais considérées généralement comme un assassinat politique ordonné par Mugabe, Joice Mujuru connaît le poids électoral des vétérans. « Le fléau de la corruption doit être totalement éradiqué, a-t-elle déclaré au meeting de lancement du parti. Nous appelons tous nos vétérans, la police, l’armée et les services de renseignement à défendre la Constitution. » La campagne présidentielle est lancée.