Le gouvernement congolais a cédé à la demande de l’armée, pour faire interdire la diffusion du film « L’homme qui répare les femmes » du cinéaste belge Thierry Michel qui dénonce le viol massif de femmes au Kivu.
Coïncidence : ce mercredi, jour même où le documentaire « L’homme qui répare les femmes »de Thierry Michel et de la journaliste Colette Braeckman était projeté sur la chaîne belge RTBF, on a appris qu’il était interdit au Congo. Le ministre de la Communication, Lambert Mendé, a refusé en effet l’autorisation de la diffusion du film intitulé à la gloire du gynécologue-obstétricien Denis Mukwege, lauréat du prix Sakharov pour les droits de l’homme, décerné par le Parlement européen.
Selon Mendé, le film contient des attaques « injustifiées » envers les forces armées congolaises qui estiment avoir été « calomniées ». Le documentaire contient les témoignages de femmes violées qui désignent des militaires et des policiers congolais comme étant leurs agresseurs. Ces témoignages auraient été déformés lors de la traduction de leurs propos du swahili en français par les réalisateurs, affirme Mendé. Il n’est pas étonnant que l’armée soit embarrassée : le film montre le procès de policiers et militaires, reconnus coupables des faits qui leur sont reprochés. Et il relaie l’indignation du docteur Mukwege envers les chefs hiérarchiques des criminels qui font preuve de laxisme.
Il n’est pas exclu que la mesure soit un règlement de compte de la part de Kabila et des militaires congolais. Un film précédent de Michel, sorti en 2011, intitulé « L’Affaire Chebeya », qui montre le procès des assassins du militant des droits de l’homme, Floribert Chebeya, découvert mort en juin 2010, après avoir été vu pour la dernière fois dans le quartier général de la police, met en cause le rôle de hauts gradés de la police dans l’assassinat. Il rappelle que Chebeya et son organisation de défense des droits de l’homme, « La Voix des Voix » enquêtaient sur les massacres ayant commis au Bas-Congo en 2007 et en 2008, près de 300 morts, attribués à la répression par l’armée et la police de la secte « Bundu dia Kongo ». Ce film qui montre aussi es militants défilant dans les rues de Kinshasa, après la mort de Chebeya, en criant « Kabila assassin », a été également interdit au Congo.
La censure de « «L’homme qui répare les femmes » n’est en tout cas pas une bonne idée de la part des autorités congolaises. L’annonce de cette interdiction va lui donner plus de publicité avant sa présentation en octobre à la Fondation du Congrès Américain à Washington et aux Nations Unies à New York.