La première manche de la bataille pour le pouvoir, et dans l’immédiat pour la présidence du parti au pouvoir, s’est terminée, le 30 novembre, par l’élection du ministre de la Justice, Edgar Lungu. Depuis la mort du président Michael Sata, le 29 octobre dernier, et dans la perspective des élections qui doivent se tenir le 20 janvier, la tension n’a cessé de monter entre la « faction Guy Scott » et celle de Lungu.
À la veille de son départ à Londres pour y recevoir des soins, et où il est décédé, Michael Sata avait désigné, comme il l’avait toujours fait, Edgar Lungu, le ministre de la Défense, pour assurer l’exercice de la présidence en son absence. Selon la Constitution, c’est Guy Scott, vice-président en exercice, qui aurait dû assurer cette fonction, mais étant né de parents d’origine étrangère, la Constitution s’y oppose. Cependant, le « premier président blanc de l’Afrique sub-saharienne », comme il s’est plu à le noter dans son premier discours, a pris les devants et doublé son rival.
Dès son installation à la tête de l’État et du parti, le conflit latent éclatait au sein du Patriotic Front (PF). Sans même attendre les funérailles, Guy Scott faisait le ménage et relevait, entre autres, de ses fonctions, Edgar Lungu au poste de secrétaire général du parti tout en annonçant sa volonté de modifier la Constitution pour pouvoir présenter sa candidature aux prochaines élections. Cette annonce et la mise à pied de Lungu avaient provoqué des manifestations à Lusaka durement réprimées dans un pays connu pour son pacifisme. Guy Scott avait été obligé de faire marche arrière. Il avait, alors, à son tour, était suspendu de ses responsabilité au sein du parti et Edgar Lungu avait immédiatement annulé les suspensions.
Le 30 novembre, Edgar Lungu a donc été élu président du Patriotic Front par la Conférence générale. Cela suffira-t-il à calmer le jeu ? C’est peu probable. En effet, après avoir convoqué la conférence, puis l’avoir suspendu, Guy Scott a immédiatement dénoncé, et sa tenue, et l’élection de Lungu. « Je suis le seul, en tant que Président, à pouvoir convoquer une réunion du conseil national », a-t-il déclaré, affirmant également que cette élection était invalidée par des vices de forme, notamment le processus d’accréditations de 5000 délégués venus des dix provinces. En réalité, la plus grande confusion règne à Lusaka.
En 2008, au cours d’un meeting électoral, le président Michael Sata avait déclaré que le Patriotic Front mourrait avec lui : « Sata c’est le PF, le PF, c’est SATA ! » avait-il lancé. Aujourd’hui, les tensions s’aggravent au sein du parti, voire au sein de sa propre famille dont deux membres – sa veuve Christine Kaseba et son neveu Miles Sampa – se sont portés candidats à sa succession, sur un total de dix candidatures. La Zambie de Kenneth Kaunda, 13 millions d’habitants et premier producteur de cuivre d’Afrique, havre de paix qui fête qui fête son 50ème anniversaire d’indépendance, est entrée dans une zone de turbulence dont les effets pourraient se faire sentir dramatiquement dans le pays et dans la région.