Alors que l’état de siège a été levé, l’armée a continué à faire observer un couvre-feu jusqu’à 6 heures ce matin. Au soir du 30 octobre, les déclarations contradictoires du président Blaise Compaoré et de l’opposition laissent planer le doute sur un rapide retour au calme.
Alors que le chef d’état-major des armées a annoncé la création d’un « organe de transition » chargé de gérer le retour à l’ordre constitutionnel, mis à mal par la dissolution brutale du gouvernement et la « prise », par la rue, de l’Assemblée nationale, la situation est toujours très tendue dans les rues de la capitale burkinabè, Ouagadougou. Des scènes de pillage ont eu lieu toute la nuit et les affrontements entre protestataires et forces de l’ordre ont, selon l’opposition, fait plus de trente morts dans tout le pays.
Le président de la république, Blaise Compaoré, est apparu sur la chaine de télévision privée Canal 3 pour une courte allocution. Il a appelé à des pourparlers avec tous les acteurs politiques et indiqué la mise en place d’un gouvernement de transition qui gèrerait les affaires courantes jusqu’à l’élection présidentielle, à l’issue de laquelle il a affirmé qu’il cèderait le pouvoir à son successeur démocratiquement élu. Il a donc renoncé à faire modifier la Constitution et à briguer un 5ème mandat, funeste décision qui a déclenché la révolte populaire.
Il semblerait cependant que l’opposition ne l’entende pas de cette oreille. L’un de ses leaders, Me Bénéwendé Sankara, a affirmé que le départ du président Compaoré devrait être un préalable, « non négociable ». La situation est donc encore très instable.