La visite du ministre russe des Affaires étrangères au Zimbabwe a été l’occasion pour les deux gouvernements de signer un accord sans précédent pour l’exploitation du gisement géant de platine de Darwendale. Situé à 70 km de la capitale, Harare, c’est l’un des plus importants au monde, avec des réserves prouvées de 19 tonnes auxquelles il faut ajouter 755 tonnes d’autres minerais métalliques.
C’est la joint-venture Ruschrome Mining, détenue à 41 % par un consortium russe, OMZ Group, regroupant le holding de hautes technologies à usage civil et militaire, Rostec, ainsi que le groupe Vi Holding, la holding de l’aluminium Vimetco et la banque Vnecheconombank, et de l’autre côté la Zimbabwe Mining Development Corp, entreprise d’Etat, qui réalise le projet.
Le site produira 600 000 onces de platine par an et fournira 8000 emplois. Le projet, dont l’exploitation est prévue pour 2017, est financé par la Russie à hauteur de 3 milliards de dollars, incluant la construction d’une fonderie. Troisième producteur mondial de platine après l’Afrique du Sud et la Russie, le Zimbabwe, en recherche d’investisseurs étrangers pour sortir le pays de la crise économique qu’il connaît depuis plusieurs années, applique, cependant, la loi dite d’ « indigénisation » mise en place par le président Robert Mugabe et qui oblige toutes les entreprises étrangères à céder 51 % des actions à des « actionnaires zimbabwéens noirs », loi qui décourage les investisseurs occidentaux. Cet accord avec la Russie « amie », qui marque une nouvelle ère de relations économiques avec Harare, est donc d’autant plus important pour le Zimbabwe.
Pour la Russie, en retard sur la Chine dans les investissements miniers au Zimbabwe, cet accord renforce la présence russe dans ce secteur considéré comme « une attraction majeure pour les investisseurs russes compte tenu de la richesse des ressources minérales au Zimbabwe », comme l’a exprimé Alexander Chepik, patron de Rushchrome. Des ressources déjà exploitées par la joint-venture DTZ-Ozgeo, entre Econendra (russe) et Development Trust of Zimbabwe, qui a obtenu des licences d’exploitation de mines de diamants dans l’est du pays. DTZ-Ozgeo a signé en outre un accord de coopération avec la compagnie russe d’État, Alrosa, le plus gros exploitant minier de diamant en volume au monde, pour du matériel et des équipements miniers divers.
Par cet accord qui lui permet de prendre sa place dans le secteur minier du platine, la Russie a ouvert une brèche dans le monopole sud-africain. Jusque-là, l’exploitation du platine était essentiellement entre les mains des compagnies Impala Platinum Holding Ltd, Aquarius Platinum Ltd, et Anglo-American Platinum Ltd, leaders mondiaux. Mais l’accord prévoit aussi l’importation de matériel et de technologies d’Afrique du Sud, ce qui devrait satisfaire le président Jacob Zuma qui, lui aussi, cherche désespérément à sortir son pays des difficultés économiques.