La répression coloniale féroce de mai 1945 en Algérie a ouvert la voie à l’insurrection armée de Novembre 1954. Souhaitons qu’une nouvelle fois un pays africain ne se transforme pas en champ de bataille d’intérêts capitalistes étrangers.
Bien sûr, il ne s’agit plus de massacres de masse ni de bombardements aériens mais la « retenue » néocoloniale est moins le produit d’un adoucissement des mœurs coloniales que d’une prise en compte de l’impossibilité de masquer des horreurs en raison du développement des moyens de communication.
Il faut donc mettre en avant des impératifs humanitaires – dont la géométrie est éminemment variable – obtenir des parrainages internationaux (Onu, Union européenne, Union africaine…) et susciter des incitations à l’ingérence proférées par les ONG (Organisations néo gouvernementales) spécialisées.
Ayant considéré que l’ex Oubangui Chari avait perdu toute importance stratégique après la disparition de l’URSS, la France a négligé la république centrafricaine y fermant sa base militaire permanente jusqu’à ce qu’elle découvre que son pré carré africain était l’objet de nouvelles convoitises.
Le président Bozize avait en effet établi des relations de plus en plus étroites avec la Chine qui investissait, prêtait de l’argent, réalisait de grands projets dans ce pays si pauvre. Se sentant menacé il avait également demandé une aide militaire à l’Afrique du Sud, nouveau membre des Brics et qui a réussi à placer à la tête de l’exécutif de l’Union Africaine une militante de la lutte contre l’apartheid, Mme Dlamini Zuma. Il fallait donc réaffirmer la présence française et renverser Bozize. Le personnage n’était pas au-dessus de tout soupçon, mais avec les mêmes critères de respectabilité il aurait aussi fallu se débarrasser d’Idris Deby, d’Ali Bongo, de Sassou N’Guesso, de Faure Gnassingbé, de Blaise Campaoré… (liste non limitative)
François Hollande joua l’indifférence et la neutralité face à Bozize qu’il laissa proprement tomber. Lorsqu’en été 2012 Areva suspendit ses opérations d’extraction d’uranium en RCA(1), il devint évident que la chute de Bozize était proche. Le coup d’État ne fut donc pas réalisé par l’armée française mais par des bandes armées qui se jouèrent de la minuscule armée centrafricaine et prirent grand soin de liquider en priorité le maximum de soldats sud africains présents à Bangui en protection rapprochée du président. Le résultat est là : un chaos généralisé, un gouvernement provisoire sorti des fourgons français, des centaines de milliers de réfugiés et des affrontements interethniques sanglants qui conduisent le secrétaire général de l’Onu lui-même à évoquer un danger de « génocide ». Le carburant financier de ce désordre est la vente clandestine de diamant dont le sous-sol centrafricain est très riche.
Ce gâchis néocolonial n’a d’autre but que d’installer à nouveau à Bangui un gouvernement « ami » de la France, de garantir les parts de marché, d’Orange, Total, Bolloré et les autres et de couronner l’opération par un bain de foule triomphal du président français à Bangui pour lui faire oublier quelques heures son impopularité en France. Mais les temps économiques sont durs et les budgets serrés. La France néocoloniale est donc obligée de tendre la main pour poursuivre son opération. L’Allemagne va suivre ce qui permettra de donner un label européen à l’opération et puis l’Onu va suivre aussi, ce qui veut dire un accord des États-Unis(2) au Conseil de Sécurité qui a décidé la mise en place d’une force de sécurité de plus de 10 000 hommes… à l’automne 2014. D’ici là, les exils et les massacres se poursuivront. Si toutes ces interventions parviennent à mettre un terme à la crise, mais rien n’est assuré (voir la situation au Congo – RDC – où la présence prolongée de casques bleus ne provoque pas un retour au calme) ; et si finalement les néo-colonisateurs ne choisissent pas de « Somaliser » la RCA, ils essaieront alors de se partager le gâteau. Rien ne dit que celui qui a tiré le premier : la France, aura la plus grosse part et que cette part sera à proportion de ses dépenses militaires engagées. Ainsi va l’impérialisme depuis un siècle et demi !
La répression coloniale féroce de mai 1945 en Algérie a ouvert la voie à l’insurrection armée de Novembre 1954.
Souhaitons qu’une nouvelle fois un pays africain ne se transforme pas en champ de bataille d’intérêts capitalistes étrangers.
Pour l’heure le désordre centrafricain prend place dans une zone d’instabilité accrue par la guerre au Sud Soudan frontalier, zone où les stratèges des monopoles capitalistes concurrents réfléchissent à long terme aux futurs axes de transport pour faire parvenir les trésors miniers et pétroliers des pays enclavés, aux ports d’embarquement (le Cameroun étant géographiquement pour la RCA le mieux placé). Dans l’immédiat la rareté de ses infrastructures routières condamne la RCA à se concentrer sur l’activité diamantaire, la moins exigeante en cette matière mais aussi la plus facile à faire échapper au contrôle d’un État faible.
Pour exploiter l’uranium centrafricain Areva a pris le contrôle d’un outsider canadien qui avait obtenu les permis de recherche nécessaires. L’énormité de la transaction réalisée entre les deux tours de l’élection présidentielle française de 2007 fait l’objet de poursuites judiciaires.
Les États-Unis sont très probablement présents militairement sous le prétexte classique de lutte contre le terrorisme, « l’armée de résistance du seigneur » sévissant dans le Sud est de la RCA. Cultivant la discrétion ils assurent néanmoins avec leurs avions stationnés à Djibouti, le transport aérien d’une partie des troupes étrangères.