La visite amicale de deux jours, à Cuba, début juin, du plus haut gradé de l’armée chinoise, le général Fan Chanlong, également vice-président de la Commission militaire centrale de Chine, a été largement commentée par les observateurs internationaux. Surtout après volonté de Barack Obama, en décembre dernier, de lever le blocus américain imposé depuis 1962 et de se rapprocher de l’île.
Certes, la visite du président chinois Hu Jintao, en 2008, avait été l’occasion de signer quelques accords économiques – dont la modernisation du port de Santiago, qui deviendra l’un des plus grands ports de containers d’Amérique du Sud dans trois ans. Et celle du président Xi Jinping, en 2014 avait renforcé la coopération entre les deux pays.
Mais les images du général Fan accompagné d’une forte délégation de responsables militaires de haut niveau représentant les forces terrestres aériennes et navales chinoises, en visite dans la province de Guantanamo où se trouve la prison illégale américaine, sont d’une autre nature. Elles visaient, sans nul doute, à envoyer un message à la Maison-Blanche. D’autant que cette visite avait été précédée par une escale à Washington, où le général a visité une base de l’armée et un porte-avions, mais a surtout rencontré, au Pentagone, le secrétaire américain à la Défense, Ash Carter. Les deux hommes ont discuté, entre autres, des divergences entre leur pays sur la situation en mer méridionale de Chine.
La délégation militaire chinoise à Cuba n’est pas la première, mais elle est hautement symbolique : Pékin montre que la Chine n’a pas l’intention de laisser la place à ses rivaux russes et américains dans l’État-île communiste. Cuba devra, dans un court délai, moderniser son armée, équipée aujourd’hui encore d’un matériel militaire datant de l’ère soviétique. La Chine est prête. Elle a déjà envoyé « illégalement », aux termes du blocus, des cargaisons d’armements, au risque d’être saisis comme en 2013 et en mars 2015, après l’arraisonnement et l’immobilisation du Da Dan Xia par les autorités colombiennes. « Une coopération pertinente ne viole pas les lois et règles chinoises et n’enfreint pas les obligations internationales de la Chine. Ceci est une coopération normale de commerce militaire », avait, déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, 2015.