Face à la morosité de l’économie européenne, engluée dans des politiques d’austérité qui ont largement échoué, la Banque centrale européenne (BCE), que l’Italien Mario Draghi dirige depuis trois ans, a annoncé une opération inédite dans la zone euro : l’achat de 1 140 milliards d’euros de dettes publiques et privées tout au long de l’année 2015. Ce programme dit d’« assouplissement quantitatif » (QE), avait déjà été pratiqué au Royaume-Uni et avec plus de succès aux États-Unis. Il a été salué par les marchés, selon lesquels il fallait une opération coup de poing pour rétablir la confiance dans la zone euro.
Les experts soutiennent que le QE était indispensable, mais ils ne sont pas pour autant rassurants sur ses effets sur la croissance. Celle-ci pourrait être nulle, admettent-ils. Comment garantir en effet que les 1 140 milliards aillent là où il faut, c’est-à-dire vers l’économie réelle, les entreprises asphyxiées par le manque de crédits et les particuliers au pouvoir d’achat érodé ? Faute d’une direction politique claire des dirigeants de la zone euro et d’orientations précises de la nouvelle présidence de l’Union européenne, qui doivent énergiquement soutenir l’investissement favorisant la croissance, l’injection d’une telle quantité de liquidités dans l’économie peut au contraire alimenter des bulles spéculatives et engendrer une inflation incontrôlable.