Les Nations unies tardent, de façon scandaleuse, à faire appliquer un accord pourtant dûment signé concernant les réfugiés iraniens du camp Liberty. Jusqu’à quand ?
« Sans plus tarder », voilà le maitre mot paradoxal d’une ONU en proie à une passivité alarmante face au calvaire imposé à plusieurs milliers de réfugiés iraniens en Irak. C’est par cette expression que l’ONU a conclu, le 17 juillet, son rapport au Conseil de Sécurité concernant l’impasse des camps d’Achraf et de Liberty. Question de temps, donc. Mais à qui s’adresse-t-elle ?
S’adresse-t-elle aux autorités irakiennes qui ont signé un protocole d’accord avec l’ONU concernant le transfert de 3400 opposants iraniens du camp d’Achraf vers un lieu de transit, dans des conditions humaines, pour préparer leurs départ vers des pays sûrs. Accord piétiné par ces mêmes autorités, sous la pression de Téhéran qui veut voir disparaitre ces opposants, membres du mouvement d’opposition des Moudjahidine du peuple d’Iran ?
S’adresse-t-elle aux 2000 habitants, hommes et femmes, qui s’entassent dans le demi-kilomètre carré du camp Liberty, près de Bagdad, où il n’y a ni eau ni électricité et à qui l’on refuse la moindre parcelle d’ombre sous une chaleur de 50° ?
Ou s’adresse-t-elle aux 1300 autres opposants iraniens du camp d’Achraf, à une centaine de kilomètres de là, et qui, après un blocus cruel de trois ans au vu et su d’une ONU paralysée, refusent de rejoindre leurs compagnons tant que l’eau et l’électricité ne seront pas installées et que des aménagements ne seront pas mis en place pour les handicapés, lesquels se comptent par centaines après les attaques meurtrières lancées par les forces irakiennes, toujours dans le silence glacé des Nations Unies ?
D’aucuns au département d’Etat américain qui chapeaute cette opération jugent ces demandes excessives, voire luxueuses ! Or il s’agit de points qui ont été dûment promis par écrit et signés par les représentants de l’ONU et des USA.
A qui pourrait-on reprocher de vouloir de l’eau potable ? Même en prison, il y a de l’eau. Or Liberty, ancienne base américaine, pillée jusqu’à la dernière vis par les Irakiens depuis qu’ils en ont le contrôle, et que l’ONU affuble du nom de camp de transit provisoire, devient un sinistre camp d’emprisonnement où le régime iranien, tirant les ficelles d’un gouvernement irakien inféodé, voudrait voir disparaitre son opposition démocratique. D’où les conditions intolérables, d’où les pressions, les restrictions, la violence contre ces réfugiés, des civils sans défense. D’où ces demandes légitimes, élémentaires, dues à tout être humain.
Serait-ce la première fois que des institutions internationales s’unissent pour ne rien faire, se contentant de promesses jamais tenues et d’accords toujours violés par le gouvernement irakien ? Etrange ONU qui étale sa faiblesse devant les infractions répétées du droit international, devant le parti pris scandaleux de son représentant en Irak qui ne sait comment donner satisfaction à Bagdad et, au-delà, à Téhéran, et qui demeure imperméable à un minimum requis d’une population que l’on force à accepter des conditions d’internement. Population dont chaque membre est pourtant détenteur d’une carte de « personne protégée » par la 4e convention de Genève.
« Sans plus tarder », est aussi le crédo de la formidable campagne internationale qui est menée en faveur des droits des Achrafiens, privés de tout, de l’accès aux soins médicaux comme de celui de vendre leurs biens pour subvenir à leurs besoins, pour une fois que l’ONU n’est pas sollicitée financièrement. Les 100 000 partisans de ces résistants iraniens qui se sont réunis le 23 juin dernier près de Paris, en présence de 500 personnalités politiques et parlementaires des cinq continents, ont rappelé à l’ONU qu’elle devait respecter ses devoirs et obligations dans cette crise où se joue le sort de l’Iran et donc de l’Irak et de la Syrie, trois pays où sévit la tyrannie des mollahs de Téhéran.
S’agit-il d’emprisonner « sans plus tarder » ces partisans de la démocratie et de la laïcité en Iran en étouffant leurs droits, ou s’agit-il d’entendre « sans plus tarder » leurs demandes humanitaires résumées en 10 points pour résoudre de manière pacifique cette crise ? Car jusqu’à présent, seuls les Achrafiens ont fait preuve de bonne volonté. Ils ont renoncé à bien des droits légitimes, souffert un calvaire pour faire avancer une solution non-violente, garante de leur dignité de femmes et d’hommes libres qui refusent de capituler devant les mollahs, une détermination qui fait malheureusement défaut aux grandes puissances et aux institutions internationales enclines à la complaisance avec cette dictature religieuse. Le 19 juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU aura une nouvelle occasion de faire preuve du contraire, mais il ne faut pas se faire d’illusion.