Le terrorisme, dans le nord du pays, prend des allures de conflit inter-religieux. Ce n’est qu’un cosmétique pour cacher la volonté de déstabiliser le pouvoir fédéral.
En visant deux églises de la ville de Zaria, l’une catholique et l’autre protestante évangélique, puis trois autres à Kaduna, la secte islamiste Boko Haram démontre son excellente connaissance du terrain et sa capacité de nuisance. En effet, le choix de l’État de Kaduna et des édifices chrétiens pour ces actes terroristes – qui ont déjà fait près de trente morts – ne tient pas du hasard : en 2000, musulmans et chrétiens s’étaient violemment heurtés à propos de l’adoption de la charia dans le Code civil. Il y avait eu près de 2 000 morts, plusieurs milliers de blessés et des millions de dollars de dégâts matériels. Deux ans plus tard, un article dans la presse à propos de l’élection de Miss Monde organisée dans la capitale fédérale, Abuja, avait provoqué une protestation des musulmans et fait 250 morts… C’est donc à un équilibre fragile entre les communautés que la secte vient de s’en prendre, espérant une escalade de la violence qui contribuerait à déstabiliser un peu plus le pouvoir fédéral, impuissant à combattre efficacement la secte.