Ce sont près de 20 millions de personnes au Soudan du Sud, au Yémen, en Somalie et dans l’État de Borno, au nord du Nigeria, qui sont concernées par la crise alimentaire actuellement en cours. Le secrétaire général des Nations unies a lancé un appel : il lui faut 4,4 milliards de dollars. Une somme colossale qui dit bien l’étendue des besoins.
Au Soudan du Sud, la famine a été officiellement déclarée le 20 février dernier. Dans le nord de l’État, 100 00 personnes sont menacée de mourir de faim dans les jours qui viennent. Sur l’ensemble du territoire, 7 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire et 3,6 millions réclament une aide alimentaire d’urgence, sur un total de 12 millions d’habitants. Plusieurs millions de ruraux ont déjà quitté leur domicile après avoir vu mourir leur bétail et été contraints de consommer leurs stocks de semences. Comment ce petit pays, qui possède l’essentiel des réserves pétrolières de l’ancien grand Soudan, en est-il arrivé là ? « Le Soudan du Sud a été donné à une bande de gangsters incompétents et incapables de gérer un État », estime le chercheur spécialiste Gérard Prunier. Il a raison, et il fallait s’y attendre, hélas, de la part d’hommes qui, dans les années 1990, se comportaient déjà comme des criminels, tuant, pillant, violant sans aucun scrupule. Auréolés d’une image de « freedom fighters », ils défiaient alors le pouvoir de Khartoum, lequel infligeait effectivement de terribles souffrances, dont déjà une immense famine, à leurs compatriotes du sud. Après l’indépendance, ceux qui sont parvenus au pouvoir n’ont fait que puiser dans des caisses qu’ils voyaient toujours pleines des revenus du pétrole, s’accrochant à leurs privilèges sans aucun souci de l’avenir d’un État jeune et réputé fragile.