Une partie de la communauté gabonaise en France continue de se réunir toutes les semaines à Paris, pour protester contre l’élection controversée d’Ali Bongo Ondimba à la présidentielle. Un mot d’ordre pour la diaspora mobilisée : « résistance » ! La jeunesse expatriée appelle au soutien de la France contre les manœuvres subversives de la dynastie Bongo.
Sur le parvis du Trocadéro à Paris, les chants en l’honneur des Gabonais tombés sous les balles résonnent. Sur quelques grilles réquisitionnées pour l’occasion, un homme expose les photographies de ses compatriotes ensanglantés. Il arbore un morceau de tissu rouge noué autour du crâne en hommage aux blessés et aux morts.
Autant de décès tragiques, survenus lors des protestations contre la victoire d’Ali Bongo Ondimba, annoncée fin août et confirmée par la Cour constitutionnelle le 23 septembre 2016. Devant les nombreux touristes venus admirer la tour Eiffel, les manifestants étaient ce jour-là environ 300 à se rassembler, avant de marcher en direction de l’ambassade du Gabon en France.
« Jean Ping, c’est dosé »
Cette marche joyeuse était rythmée par les danses et les slogans à la gloire du véritable « président élu ». Déjà en 2009, Ali Bongo avait remporté l’élection présidentielle face à Pierre Mamboundou dans des conditions jugées frauduleuses. Mais les manifestants l’affirment, « 2016 ne sera pas 2009 ».
Vêtus de t-shirts à l’effigie de Jean Ping, ils clament la victoire de l’ancien président de la Commission de l’Union africaine. Pourtant, ils ne sont pas tous ses sympathisants avérés. Cela ne les empêche pas d’aimer la démocratie au point d’exiger que soit pris en compte le véritable – selon eux – résultat des urnes, plutôt que celui déterminé par un président sortant ayant probablement tripatouillé une partie des résultats.
Ils en appellent aussi à l’État français, en se basant sur le communiqué daté du 24 septembre publié sur le site du ministère français des Affaires étrangères : « la France a constaté que l’examen des recours n’a pas permis de lever tous les doutes » sur la victoire d’Ali Bongo. Un aveu à demi-mots dont les manifestants se sont emparés pour soutenir leur revendication. En attendant une prise de position claire du gouvernement français en faveur de Jean Ping.
Une jeunesse étudiante et connectée
L’allocution de Jean Ping a été diffusée en direct le 15 octobre dernier devant une foule en liesse, surveillée de loin par un cordon de CRS. Les jeunes constituent le noyau dur de la mobilisation, car nombre d’entre eux affirment leur intention de revenir sur leur terre natale après avoir obtenu leur diplôme en France. Du coup, le mouvement étudiant retransmet en direct les mots d’ordre et les mobilisations sur les réseaux sociaux. Il s’agit autant d’un moyen de témoigner leur soutien aux familles restées sur place que de conserver des attaches avec le pays.
Une mobilisation qui s’essouffle ?
C’est à présent une habitude. Chaque semaine depuis l’annonce du résultat, les opposants à Ali Bongo se réunissent à Paris. Toutefois, la mobilisation tend à s’essouffler. « J’espère qu’il y aura autant de monde que d’habitude, même s’il pleut », commente l’un de ces passionnés. Dans une communauté riche de 13 400 personnes selon le ministère français des Affaires étrangères, il semble toutefois qu’il y en ait de moins en moins pour se mobiliser devant l’ambassade parisienne. Les derniers ressentent une pointe d’amertume, celle de voir leurs compatriotes oublier ceux d’entre eux qui ont versé leur sang pour la patrie, et pour la démocratie.