Ali Bongo a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle à la faveur d’un très probable tripatouillage des bulletins de vote : à peine plus de 5 000 voix séparent les deux candidats, Bongo et son challenger Jean Ping. Une fraude pas très glorieuse.
Près du QG de campagne, assiégé par les forces de l’ordre depuis la proclamation du résultat de l’élection présidentielle, le 31 août, la désolation est à son comble. Le quartier dit « charbonnages » est encerclé, les voies d’accès sont tenues par des militaires. A l’intérieur du QG lui-même, vingt-sept personnes sont toujours empêchées de sortir, parmi lesquelles on peut compter Laure Gondjout, médiateur de la république et son époux, mais également Zacharie Myboto, bras droit de Jean Ping durant sa campagne électorale.
La situation demeure très tendue dans toute la capitale. Après les émeutes et de nombreux pillages, durement réprimés par les policiers, un calme précaire semble régner, mais l’explosion n’est pas loin. Les Gabonais sont déçus et nombreux sont ceux qui se sentent frustrés d’une alternance qu’ils appelaient de leurs voeux.
Cinq mille voix de différence, toutes en provenance de la région de l’Ogooué, pays natal d’Ali Bongo, où l’on a voté pour lui à plus de 99 %… Mieux qu’un score soviétique. Même si la tradition et le sens de la « famille » élargie a joué, il est très vraisemblable que c’est dans ce fief et là seulement qu’a pu être « organisée » une fraude. En effet, c’était l’un des seuls endroits du pays où les opposants et les observateurs n’avaient pu avoir accès aux bureaux de vote et aux urnes, encore moins au comptage des fois. Tripatouillage ou pas, une chose est claire : Ali Bongo est très mal élu. Et pour le moment, il ne peut s’imposer que « par la force des baillonnettes ». Comment va-t-il pouvoir gouverner dans de telles conditions ?