La situation s’enlise à Juba, capitale du Soudan du Sud. Des combats violents ont éclaté entre les soldats gouvernementaux fidèles au président Salva Kiir et les ex-rebelles – qui, du coup, redeviennent des rebelles à part entière – conduits par le vice-président Riek Machar.
Les affrontements, qui se sont intensifiés les 10 et 11 juillet, ont lieu essentiellement à la périphérie de la ville. Les routes sont bloquées et des milliers de civils fuient dans le plus grand désordre, car rien ne laissait présager non seulement la reprise des combats, mais leur violence. Des témoins ont vu au moins deux hélicoptères de combat tirer en direction du quartier général politique et militaire de Riek Machar. D’autres ont signalé la présence de chars dans les rues et le personnel des Nations unies indique que les affrontements se font surtout à l’arme lourde, mais que des fusillades intenses éclatent sporadiquement.
C’est la guerre, semble-t-il… Alors que les discussions menées patiemment au cours des derniers mois avaient finalement abouti à un cessez-le-feu, puis à un accord qui replaçait Riek Machar dans son fauteuil de vice-président et l’autorisait à conserver une importante garde prétorienne autour de lui, tout semble avoir volé en éclat. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé les deux principaux protagonistes à « tout faire pour contrôler leurs troupes », pendant que l’Union africaine se saisissait également de la situation et réunissait en urgence son comité de crise pour tenter de trouver en urgence une solution d’apaisement. Il y aurait en effet déjà 270 morts, dont un Casque bleu chinois.
Tout a commencé par un accrochage, le 7 juillet dernier, qui a fait tout de même cinq morts, entre les soldats gouvernementaux et les gardes du corps de Riek Machar. D’expédition punitive en représailles, la situation a rapidement dégénéré et nul ne semble en mesure, aujourd’hui, de mettre un terme à la violence. Le risque de guerre civile est à nouveau bien réel, preuve de la fragilité de l’accord de paix précédemment conclu et, surtout, du peu de bonne volonté que les deux adversaires, Riek Machar et Salva Kiir, et leurs communautés culturelles respectives, mettent à s’accorder.
Le Soudan du Sud, vingt-cinquième et plus jeune pays d’Afrique, s’enlise dans un engrenage terrible dont il n’est pas sûr de pouvoir sortir. À l’instar de la Somalie, où l’État n’existe plus, il pourrait bien sombrer corps et bien et devenir, lui aussi, la proie de tous ceux qui lorgnent sur ses richesses, et notamment son pétrole brut.