Les « Niger Delta Avengers », un groupe de jeunes militants indépendantistes de la région du Biafra, mettent en difficulté l’économie pétrolière extractive. En six mois, ils ont fait rétrograder le pays derrière l’Angola en terme de production. Indifférents à l’appel du président Buhari, ils sont pour le moment incontrôlables.
Trois nouvelles attaques contre des plateformes de collecte pétrolière (Remote Manifold Platform, une plateforme qui rassemble la production de petits oléoducs et gazoducs et la renvoie sur une ligne de transmission plus large) de la région de Warri (État du Delta) ont été revendiquées par le groupe Niger Delta Avenger, le 7 juillet dernier. En ce début du mois de juillet, c’est la compagnie multinationale Chevron qui est visée, mais depuis leur création en mars 2016, les Avengers s’en sont pris tout aussi facilement à la Shell, à ENI ou à la compagnie nationale, la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Ils utilisent principalement des charges commandées à distance, ce qui leur permet d’évacuer les lieux avant l’explosion. Ils affirment par ailleurs s’assurer que plus personne n’est présent sur les installations visées afin de ne provoquer que des dégâts matériels. Ils refusent le meurtre et l’enlèvement comme moyen d’action. Ils n’en demeurent pas moins extrêmement efficaces : selon un analyste de l’Ecobank à Lagos, le Nigeria aurait perdu près de 850 000 barils par jour, la plus forte baisse de production depuis ces vingt dernières années, qui a fait repasser le pays derrière l’Angola en matière de niveau d’extraction pétrolière.
Sur son site internet, le groupe de jeunes militants revendique ses opérations et expose ses revendications, essentiellement politiques. Prenant la suite du Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (MEND), que l’ancien président Goodluck Jonathan était parvenu à démanteler en faisant de ses membres soit des hommes d’affaires, soit des bénéficiaires de bourses et autres allocations, les Avengers réclament la récession de la région pétrolifère du delta, autrement dit l’ancien Biafra… D’ailleurs, ils militent également pour la libération du sécessionniste Nnamdi Kanu, aujourd’hui emprisonné pour « trahison ».
Alliés à plusieurs autres groupuscules d’activistes comme les Red Egbesu Water Lions ou la Joint Niger Delta Liberation Force, les Avengers – qui, ils ne sont pas à un paradoxe près, tirent leur nom d’une célèbre bande dessinée américaine mettant en scène des super-héros – vont être difficiles à combattre. En effet, ils prétendent être très proches des milieux militaires nigérians et pouvoir anticiper toute action répressive. Insensibles à l’appel à l’union nationale que leur a lancé le président Muhammadu Buhari, ils vont continuer à faire parler d’eux.