Les sénateurs Henri de Raincourt (Les Républicains) et Hélène Conway-Mouret (socialiste) ont présenté, le 29 juin dernier, le rapport d’information de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées intitulé « Repenser l’aide publique au développement ».
Après une présentation circonstanciée du contexte des pays étudiés, à savoir le Mali, le Niger et le Tchad, les rapporteurs ont mis l’accent sur les défis que doivent affronter les pays du Sahel, à savoir une croissance insuffisante, plusieurs types de conflits en cours et une lenteur certaine dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali.
Conséquence : la stratégie de développement est en difficulté. L’aide est importante, mais elle est peu efficace en raison du manque de stratégie et de coordination des acteurs dans les pays bénéficiaires, l’instabilité et même l’insuffisance des financements.
La commission des Affaires étrangères a donc recommandé de placer le Sahel plus en avant dans la stratégie d’aide au développement de la France. Les subventions pourraient passer de 228 millions d’euros à 460 millions, au risque de volontairement baisser certaines dépenses multilatérales pour atteindre cet objectif. Elle a également mis en avant le fait qu’il lui semble indispensable de connecter l’aide et la diplomatie française à la société civile et à la jeunesse afin de « réengager » les jeunes dans le développement de leur pays. Une forme implicite de lutte contre l’émigration, dont le versant « fuite des cerveaux » est considéré comme un handicap majeur.
La commission a également préconisé une « approche globale » des problèmes, notamment en privilégiant la prévention des crises pour éviter d’avoir, ensuite, à intervenir militairement. Dans cette optique, une « facilité de gestion des crises » de 100 millions d’euros pourrait être gérée par l’Agence française de développement. Étant entendu qu’il est impératif qu’un équilibre sécurité et développement soit au préalable défini, faute de quoi tous les efforts tant humains que financiers peuvent se retrouver réduit à néant.
Enfin, une coordination stratégique devrait être mise en place dans les ministères concernés – Affaires étrangères et Défense – afin d’agir et non plus réagir en cas de crise.
À l’audition de ce rapport, il semblerait que la politique africaine de la France, qui oscillait jusqu’à présent entre absence et opacité, soit en passe d’être redéfinie. Une excellente chose… à condition que la présidence de la république suive !