WikiLeaks, poursuit sa mission de lanceur d’alerte sur Internet. Il vient de mettre en ligne plus de 70000 documents du ministère saoudien des Affaires étrangères dont une grande partie sont confidentiels. Le site devrait en publier près de 500 000 prochainement. Julien Assanges, cybermilitant australien fondateur du site toujours réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres, estime que Saoudi Cables, ce nouveau projet de WikiLeaks, « a mis en lumière une dictature qui devient de plus en plus imprévisible, dit-il. Elle n’a pas seulement célébré sa centième décapitation, (pour l’année 2015), elle est aussi devenue une menace pour ses voisins ainsi que pour elle-même ».
WikiLeaks publie, notamment des lettres échangées entre le ministère saoudien des Affaires étrangères et ses ambassades dans le monde, mais, également avec des ministères dont celui de l’Intérieur et les Services de renseignements. Les documents publiés montrent, entre autres, comment la famille royale lance des campagnes de relations publiques et a « acheté » certains médias pour redorer son image. « Neutralisation » et « contrôle » sont au centre de la stratégie. Par exemple, il suffit d’acheter des milliers d’abonnements de médias ciblés, ou des parts de médias auxquels sont reversés les dividendes. Les documents produisent une multitude d’exemples édifiants, particulièrement concernant les médias des pays en développement ou des pays arabes, comme l’agence de presse guinéenne, Guinean News Agency, qui a perçu de l’Arabie saoudite $2000 par an, ou la télévision libanaise MTV qui a bénéficié, elle, de plusieurs millions de dollars. Quand la neutralisation ou le contrôle ne sont pas possibles, Ryiad passe à la confrontation. Ce fut le cas, en janvier 2010, lorsque le ministère des Affaires étrangères a voulu priver la chaine iranienne Al-Alam du réseau de communication par satellite Arabsat. La stratégie médiatique de l’Arabie saoudite a fonctionné à plein régime pendant la période des « printemps arabes », avec le financement en Égypte et en Tunisie des médias les plus importants. Et bien évidemment, la famille royale intervient directement en Arabie saoudite, même, pour faire taire les médias saoudiens qui le gênent, comme Al-Hayat et Asharq Al-Awsat qui avaient critiqué l’ancien Premier ministre libanais qui s’en était plaint auprès de qui de droit. WikiLeaks publie, également, des câbles concernant le Liban, notamment la demande d’aide par l’actuel ministre libanais des télécommunications, Boutros Harb, pour créer une organisation politique indépendante, ou celle formulée par Dory Chamoun, leader du Parti national libéral (PNL) pour soutenir son parti. Ben Laden et son fils, Abdallah ben Laden, les Frères musulmans, Mohamed Morsi, les États-Unis et leurs alliés, le Yémen et autres sujets sensibles apparaissent, également, dans les documents qui, selon le site, expliquent comment l’Arabie saoudite mène ses alliances et consolide ses positions en tant que superpuissance régionale du Proche-Orient, y compris à l’aide des pots-de-vin et de cooptation d’individus-clés et d’institution. « Malgré le dossier ignoble concernant les droits de l’homme, l’Arabie saoudite reste un allié privilégié des États-Unis et du Royaume uni au Proche Orient, en grande partie en raison de ses réserves de pétrole globalement incomparables. Chaque année, le royaume injecte des milliards de pétrodollars dans les poches des banques britanniques et des sociétés d’armement américaines », dit WikiLeaks dans sa présentation du projet Saoudi Cables disponible sur le site www.wikileaks.org/saoudi-cables.