Coup sur coup, deux hauts responsables de l’Onu ont exprimé à Bruxelles les plus expresses réserves vis-à-vis des opérations anti-passeurs décidées fin mai par l’Union européenne, visant la destruction des navires impliqués dans le trafic.
Le 27 mai, le secrétaire général, Ban Ki-Moon a déclaré que les opérations militaires contre les migrations en Méditerranée « ont leurs limites ». Il a également considéré que de telles actions risquaient de détruire aussi des embarcations des pêcheurs libyens qui représentent leur seul capital. Puis le lendemain, le représentant spécial de l’Onu en Libye, Bernardino Leon au cours d’une conférence de presse au Parlement européen, a déclaré qu’une coopération des Libyens devrait être recherchée pour les actions dans les eaux libyennes. Celle-ci devrait s’établir avec le Gouvernement d’unité libyen dont il a dit espérer la création dans les semaines à venir.
Leon a néanmoins reconnu que les discussions entre les autorités concurrentes de Tripoli et de Tobrouk étaient très âpres. Lors d’un round de négociations à Skhirat, au Maroc, on a constaté 80 % de convergences mais l’accord sur le reste est le plus difficile, prévenant qu’il faudrait que chacune des parties fasse des concessions. La situation est extrêmement critique, a averti Leon selon qui, le pays est au bord de l’effondrement à la fois sécuritaire et économique, relayant l’avis du gouverneur de la Banque centrale. Il a également déploré que les combats inter-factions faisaient le jeu de Daech, mais s’est aussi attiré la critique de journalistes libyens présents qui reprochent à l’ONU de ne pas soutenir l’accord inter-tribus pour équiper l’armée afin de l’aider à combattre les salafistes.