L’ancien chef des services des renseignements turcs (MIT), Hakan Fidan, qui avait quitté ses fonctions en vue d’être candidat dans les rangs du Parti de la justice et du développement (AKP) pour les élections législatives de juin a décidé de retirer sa candidature avant d’être renommé à son poste.
Véritable revirement de situation. Hakan Fidan a décidé de retirer sa candidature, alors que le président turc Erdogan avait désapprouvé cette dernière, une désapprobation qui a été perçue comme signe d’une friction entre Erdogan et son Premier ministre, Ahmet Davutoglu.
Quelques heures plus tard, l’ancien chef du MIT a été renommé à son poste. C’est le vice-Premier ministre Bülent Arinç qui a annoncé que Davutoglu l’avait nommé en tant que chef du MIT à l’issue du conseil des ministres présidé par Erdogan qui a eu lieu lundi 9 mars.
L’opposition résolument contre la renomination
L’opposition n’a pas tardé à vivement critiquer cette renomination qui a entraîné des débats tendus à l’Assemblée. «C’est une honte», a lancé le député CHP Levent Gök.
«La démission et la renomination de Fidan à son poste est juste inacceptable», a-t-il ajouté. «Comment un tel déshonneur peut-il avoir lieu ?», s’est interrogé le député du groupe parlementaire du Parti du mouvement nationaliste (MHP), Oktay Vural.
Les raisons du retrait demeurent floues
Fidan n’a pas donné de raison concernant le retrait de sa candidature ce lundi, bien que l’opposition d’Erdogan à cette candidature ne soit un secret pour personne. «Aujourd’hui, j’ai retiré ma candidature pour les élections législatives ainsi que je l’ai jugé nécessaire. Au nom du service à mon pays et à mon peuple, je m’efforçerai toujours de remplir le devoir qui m’a été confié», a déclaré le chef du MIT dans un bref communiqué.
D’après une source proche du Premier ministre, celui-ci avait discuté du retrait de la candidature de Fidan avec Erdogan avant de l’approuver. «Hakan Fidan a fait cette requête et exprimé son souhait de se retirer. Davutoglu en a discuté avec Erdogan et a approuvé le retrait», a affirmé un représentant du Premier ministre qui a souhaité conserver l’anonymat à Reuters.
La déception d’Erdogan
A bord de son avion en direction de l’Arabie saoudite, Erdogan avait exprimé sa déception la semaine dernière au moment où Fidan avait quitté ses fonctions et proposé sa candidature pour être député, et ce malgré son évidente opposition : «Le MIT n’est pas une institution quelconque. C’est la plus importante de l’Etat. Si les services de renseignements d’un Etat ne fonctionnent pas correctement, l’Etat ne peut pas survivre. Nous l’avons nommé à ce poste. Je l’ai moi-même nommé. Et puis… si [la démission] n’était pas autorisée, il aurait dû rester et non pas partir. Donc, bien sûr que je suis déçu».
Le chef de l’Etat turc, qui considère Fidan comme sa boîte secrète, avait déjà fait part de sa déception le 10 février dernier, lorsqu’il avait affirmé que Fidan avait quitté son poste car «fatigué», malgré l’insistance du président pour qu’il reste à son poste.
Publié par Zaman France
Légende :Hakan Fidan, le chef des services de renseignements, avait quitté son poste pour se présenter à la députation avant de se rétracter