Le chef de la diplomatie algérienne a appelé pour la mise en œuvre d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental et le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
C’est la voix de l’Algérie libérée de 132 années de joug colonial qui a retenti à Genève. Celle qui ressent dans sa chair les violences subies par le peuple sahraoui, livré pieds et poings liés aux forces de répression marocaines. C’est donc en toute légitimité que le ministre algérien des Affaires étrangères a remis sur le tapis la sempiternelle question de la violation des droits de l’homme au Sahara occidental. Il met l’Organisation des Nations unies face à ses responsabilités. Face à ses incohérences et ses failles qui ont permis au Maroc d’annexer un territoire en piétinant le droit et la légalité internationales. Des correctifs doivent être apportés pour mettre fin à l’impunité dont jouissent les forces d’occupation du Royaume alaouite. «La Minurso, déployée depuis plus de deux décennies, se trouve paradoxalement amputée d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme. Il est tout aussi urgent que le Haut Commissariat aux droits de l’homme accorde davantage d’importance à cette situation, en mettant en place un mécanisme de surveillance indépendant de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental», a indiqué M.Lamamra lors de son intervention aux travaux de la 28ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. «Ceci n’est pas un luxe mais une nécessité en ce quarantième anniversaire de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice qui a établi la pertinence et le primat du droit de son peuple à l’autodétermination», a tenu à rappeler le chef de la diplomatie algérienne. Quelles sont les causes qui ont freiné l’évolution de ce processus? «La situation dans le territoire du Sahara occidental où le Front Polisario, qui s’est inscrit dans la dynamique de règlement pacifique parrainée par les Nations unies, se heurte aussi au déni du droit à l’autodétermination d’un peuple dont la résistance s’étend sur une quarantaine d’années» a expliqué l’architecte du plan de paix au Mali qui a mis en exergue les conséquences de ce statu quo volontairement entretenu par les autorités marocaines. «L’enlisement de ce conflit, tout autant que l’exil forcé de la population réfugiée en grande partie dans mon pays, est plus que préoccupant et l’effet d’accoutumance de la Communauté internationale doit être remplacé par un engagement accru en vue de mettre fin à cette situation dramatique», a conseillé le patron de la diplomatie algérienne. Les oreilles du souverain marocain qui avait déclaré que «le Maroc restera dans son Sahara, et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps» dans son discours prononcé le 6 novembre à l’occasion de la commémoration du 39e anniversaire de l’annexion du Sahara occidental, doivent siffler d’autant plus qu’il demeure dans le viseur des Américains sur la question des droits de l’homme. «L’impunité généralisée (des forces de l’ordre marocaines) existe et des poursuites ne sont pas engagées contre ceux qui violent les droits de l’homme des Sahraouis», soulignait le département d’Etat dans son rapport mondial sur la situation des droits de l’homme publié le 27 février 2014. Le document de douze pages avait dénoncé «la violence physique et verbale pratiquée contre les Sahraouis lors de leur arrestation et leur emprisonnement, les limitations aux libertés d’expression, de la presse, de réunion et d’association, ainsi que la détention arbitraire et prolongée pour étouffer la dissidence». En 2013 les Etats-Unis avaient projeté d’élargir la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination à la protection des droits de l’homme. La proposition fût retirée in extremis. L’Algérie la remet sur le tapis en espérant que l’administration Obama ne sera pas sensible aux jérémiades de notre voisin de l’Ouest.
Publié par l’Expression
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