Les avertissements des pays du pays du Sahel et de l’Algérie sur les conséquences catastrophiques de l’intervention de l’OTAN en Libye se confirment au-delà de toute imagination. L’explosion de la migration clandestine sans le verrou de l’ex-Etat libyen a été, par contre, prévue par les Italiens dont les garde-côtes ont secouru le 14 février, 2000 clandestins après en avoir sauvé des milliers d’autres.
Le big-bang du chaos libyen effraye. La ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti, a dénoncé l’installation d’un État takfiri à 350 kilomètres du sud de l’Europe et que l’Italie est prête à expédier des milliers d’hommes et à conduire une coalition de pays européens et de la région pour empêcher sa réalisation.
« Le risque est imminent, on ne peut attendre au-delà. L’Italie a des exigences de défense nationale, ne pas voir un califat qui gouverne sur la côte d’en face. Mais nous voulons nous coordonner avec d’autres dans un système de légalité internationale ». La proposition italienne « mouille » les pays européens invités à envoyer des troupes au sol dans un cadre Onusien quand la proposition française, mise en échec par l’Algérie et les pays du Sahel, espérait de la chair à canon africaine dans une coalition en marge de l’ONU, dans le pur style U.S.
Elle invite donc l’Europe à payer pour sa responsabilité dans le désastre tout en redonnant à l’Italie un leadership « légitimé » par l’opposition de Berlusconi à la folie de Cameron et de Sarkozy et de sa « connaissance du terrain » car ex-puissance colonisatrice. La position italienne est confortée aussi par la position du Vicaire apostolique de Tripoli. Il ne veut pas être évacué avec le personnel de l’ambassade, pour rester avec 300 chrétiens philippins pris dans la nasse et qui avait déjà refusé, en 2011, d’abandonner la Libye bombardée en soulignant la liberté des chrétiens à vivre paisiblement leur foi sous Kadhafi.
Les 21 coptes par contre ont été tués par Daesh. Si l’émotion a été nulle en Europe pour ces arabes chrétiens passés au couteau, l’Égypte en a été bouleversée. Le président Abdel Fattah al-Sissi a convoqué le Conseil National de Sécurité, prononcé un discours solennel, décrété quatre jours de deuil, instruit le gouvernement de porter aide et soutien aux familles des victimes, ordonné l’interdiction de se rendre en Libye pour les Egyptiens et demandé au gouvernement d’organiser le rapatriement de ses compatriotes résidant encore dans le pays voisin. Sissi a clairement avancé que l’Égypte défendra ses intérêts et son existence nationale et que ce meurtre fait partie d’une tentative d’entraîner son pays dans des réactions émotionnelles et inconsidérées.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères précisera le message du Président en soulignant que jamais l’Égypte n’interviendra dans un pays étranger. Le jour même, le 15 février le responsable du département international d’El Ahram assénera quelques vérités sur la chaine de télévision El Mayadeen : la responsabilité directe du meurtre incombe à la Turquie et au Qatar, le plan général mené par ces deux pays- et donc par leur parrain- est d’affaiblir les armées arabes, notamment la syrienne, dans des guerres alimentées de l’extérieur pour préparer la partition des États nationaux. L’Égypte ne tombera dans le piège d’une guerre « d’hémorragie » mais agira quand même. Le journaliste lancera un remarquable appel au soutien de l’armée syrienne et à la conscience de la préservation des armées arabes.
Le meurtre intervient au lendemain d’une affirmation prononcée de l’Égypte de se soustraire à la tutelle américaine sur son armée en nouant avec la Russie une alliance stratégique qui contrecarre forcément les facteurs de force des USA dans la région et en achetant les Rafales français alors que des fuites organisées révélaient un plan (américain ?) de partition de l’Égypte.
La position égyptienne recoupe point par point celle de l’Algérie qui a refusé catégoriquement de tomber dans le piège d’une guerre « hémorragique » dans les sables libyens tendue par Hollande et également mis en échec par les pays du Sahel.
Le 16 février l’armée égyptienne communique : « Nos forces armées ont mené lundi des frappes aériennes ciblées contre des camps et des lieux de rassemblement ou des dépôts d’armes de Daech en Libye ». Donc aux yeux de ses responsables, le choix de l’Égypte de frapper Daesh sans aller s’enliser dans les sables paraît être la bonne réponse.
M.B
Source : Impact24.inf
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Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur