Hier mercredi 04 mars 2015, le ministre iranien des A.E Djawad Zarif annonçait « nous sommes très, très proches d’un accord [sur le nucléaire]» alors que J. Kerry s’envolait vers l’Arabie Saoudite et son assistante vers Israël, deux pays absolument opposés à tout accord avec l’Iran. Les deux hauts responsables doivent informer et rassurer leurs deux protégés qui menacent de réagir par leurs propres moyen.
Deux jours avant ce voyage-briefing de J. Kerry s’achevait une grosse opération d’influence menée par Netanyahou devant le Congrès US présenté sous un aspect fracassant : Netanyahu « défie B. Obama » ou « Netanyahu en mission historique à Washington » ou «Le torchon brûle entre Obama et Netanyahu ».
Sous les applaudissements frénétiques du Congrès Netanyahou a déçu car il manquait à sa victoire sur Obama les révélations promises qui auraient démasqué les négociateurs et stoppé les négociations. Kerry l’avait prévenu (1) contre des révélations sélectives tout en lui rappelant que «L’objectif premier d’un accord nucléaire avec l’Iran est de rendre « la sécurité d’Israël plus sûre qu’elle ne l’est actuellement».
Sur le plan pratique Netanyahou a gagné dans les sondages deux élus supplémentaires mais Cinquante-cinq congressistes démocrates ont boycotté le discours et Nancy Pelosi a qualifié le discours « « attristante insulte envers l’intelligence des Américains. «
Guy Ziv de l’American University « ne pense pas que ce speech va faire du mal au programme nucléaire iranien, mais qu’il en fait déjà beaucoup aux relations entre Israël et les USA. » et sur le New York Times « Thomas Friedman, a écrit dans son billet d’humeur : « Je ne sais pas si je vais soutenir un éventuel accord avec l’Iran, mais je n’aime pas quand mes représentants ovationnent un mauvais dirigeant d’un pays étranger, qui essaye de torpiller les négociations réalisées par mon propre gouvernement. » (2)
Les Echos (3) nous apprennent que «Dix législateurs démocrates ont retiré leur soutien à un projet de loi américain visant à imposer de nouvelles sanctions à Téhéran. Ils approuvent, désormais, la position d’Obama consistant à laisser une chance aux négociations » et que « le soutien américain à Israël devienne «une cause républicaine et non plus bipartisane», pour Denis Ross, d’autant que les «Dans vingt ans, les communautés hispaniques, afro-américaines, et asiatiques constitueront la majorité aux Etats-Unis. Or elles n’ont pas de connexion historique avec Israël.»
L’U.E pour sa part avait condamné les tentatives (de Netanyahou) de faire peur aux opinions publiques et Euronews nous nous informe le 05 mars que: « Le message du Secrétaire d‘État américain au chef du gouvernement israélien est clair…seuls les 5 membres permanents du Conseil de sécurité et l’Allemagne, assis à la table des négociations, ont leur mot à dire. »
“Personne n’a présenté d’alternative plus viable quant à la façon d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Alors, que certains disent simplement à l’Iran de capituler, ce n’est pas une option. D’ailleurs aucun des autres négociateurs occidentaux ne nous soutiendraient… Une fois n’est pas coutume, la véhémence du Premier ministre israélien a semble-t-il rapproché la délégation occidentale et la délégation iranienne… »(4)
La grande opération de Netanyahou a tourné au faux pas et marqué un tournant iranien d’Israël qui alourdit davantage son poids sur ses protecteurs.
A.F
NOTES
4-https://fr.euronews.com/2015/03/05/nucleaire-iranien-les-negociateurs-ne-se-laissent-pas-intimider/
Source : https://www.impact24.info/?p=5537
Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Légende : Netanyahu critiqué par une partie de la presse américaine. Dessin de Latuff
Mots clé : Iran, nucléaire, Obama, Kerry, Israël, Netanyahou, accord