Sham F.M, radio damascène a questionné vendredi dans son journal du soir le célèbre analyste russe arabophone, Vicheslov Motozov, sur la réalité de l’avertissement de Serguei Lavrov sur une tentation américaine d’agresser la Syrie. Le ministre russe avait déclaré que le refus des USA de dialoguer avec la Syrie signifiait que les bombardements US pouvaient cibler « les zones non-contrôlés par Daesh » et a mis en garde l’occident « contre toute aventure militaire ».
L’invité de Shams précisera que Lavrov n’émettait pas des hypothèses, mais s’exprimait à partir des données mises à sa disposition et avertissait de la détermination de la Russie à se tenir aux côtés de la Syrie. Des données disponibles pour tous, la violation turque du territoire syrien pour récupérer des reliques du grand-père du premier sultan ottoman reste est le premier test d’une intervention armée d’Etats coalisés et non plus seulement des coalitions terroristes.
Le bataillon qui a réalisé l’opération en territoire contrôlé par Daesh, a replié les reliques dans un village syrien sur lequel il a hissé le drapeau turc comme signe non-équivoque d’annexion. Le Premier ministre turc a expliqué que cet acte montrait la puissance de son armée qui projette de revenir sur un sol qui lui appartient. Le fait survient après l’accord turco-américain de formation militaire de centaines (5000 à fin 2015) d’opposants chargés de repérer les cibles au sol et d’optimiser les bombardements américains.
« Le Parlement turc avait donné son feu vert l’an dernier au gouvernement d’Ankara pour intervenir en Syrie et en Irak contre l’EI et à accueillir sur son territoire des troupes étrangères qui participeraient à une opération militaire (1) ». Les autres données vont dans le même sens. L’accord sur la formation des « opposants modérés » est survenu suite à un vrai bras de fer entre les USA et la Turquie qui refusait de rejoindre la coalition sans engagement de Washington à combattre El Assad jusqu’au bout.
L’entente sur la constitution de nouveaux bataillons « modérés » se présente comme l’alignement américain, de guerre lasse, sur la ligne « Frères Musulmans » de la Turquie et du Qatar que vient de rejoindre l’Arabie Saoudite de Salmane Ben Abdelaziz. Sur El Mayadeen, un expert égyptien expliquait le refus de la proposition égyptienne d’intervention Onusienne en Libye par l’insistance anglo-américaine de conduire un dialogue incluant Fajr Libya, et donc sa composante « frères musulmans », qu’arme et que soutient la Turquie contre le gouvernement libyen que soutient l’Egypte.
Le rapprochement militaire et économique d’apparence stratégique russo-égyptien y compris pour faciliter le dialogue inter-syrien suggère que les USA comptent toujours les réintroduire dans le jeu égyptien tout en leur donnant plus de poids décisionnel dans la recomposition des Etats du Grand Sham.
Motozov, d’ailleurs, situera la chute de Morsi comme un coup décisif porté à l’hégémonie américaine et à leurs capacités de téléguider les transformations de la région et de confier la gestion de leurs intérêts à ce courant. Parmi les facteurs qui le poussent à écarter une intervention américaine au sol sans exclure une aventure turco-jordano, saoudo-qatari avec soutien aérien US.
Il citera cette alliance qui se dessine entre Le Caire et Moscou alors que les dirigeants égyptiens expriment ouvertement leurs convictions que le plan de transformation des Etats arabes concerne aussi leur pays et prévoit son fractionnement que nous voyons se dessiner dans la violence qui embrase le Sinaï.
Les dirigeants égyptiens donnent de plus en plus l’impression de jouer la survie de l’Egypte face aux projets américains et ils n’ont pas d’autre choix pour défendre l’Etat national égyptien que de défendre l’Etat national syrien. Si l’Egypte devait soutenir pleinement la Russie dans le dossier syrien, alors la donne aura encore changé dans la région, au détriment des USA.
Source : impact24.info
https://www.impact24.info/?p=5318
Légende : Sergueï Lavrov sur tous les fronts : ONU, Ukraine, Syrie, Libye…